L'Union européenne doit réclamer le respect des droits de l'homme en Iran «mais sans fermer toutes les portes» car Téhéran a un rôle fondamental à jouer dans les crises en Afghanistan et au Moyen-Orient, a indiqué hier, le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini. «L'Italie demande à l'Europe d'être présente (sur la question des droits de l'homme), jusqu'à présent l'Europe n'a pas toujours été à la hauteur des attentes», a-t-il expliqué au journal Corriere della Sera dans un entretien. L'Union européenne, sous présidence espagnole depuis le 1er janvier, doit envoyer un message à Téhéran car «sont en jeu des libertés fondamentales», a estimé M.Frattini, à propos de la répression sanglante des manifestations des dernières semaines. Il a également qualifié d'«opportune» une visite prochaine en Iran d'une délégation du Parlement européen. Se défendant de vouloir «interférer dans l'organisation politique» de l'Iran, il a jugé nécessaire «une réconciliation nationale car quand un régime tire sur son peuple, il tombe au plus bas niveau possible». Le ministre italien des Affaires étrangères a toutefois souligné dans l'interview l'importance de l'Iran sur des dossiers comme l'Afghanistan et les pourparlers de paix israélo-palestiniens. «Il ne faut pas fermer toutes les portes (à l'Iran) parce que l'Iran est un acteur fondamental pour la crise afghane, pour celle du Moyen-Orient et dans la très délicate question de l'escalade nucléaire», a estimé M.Frattini. Il a rappelé que Téhéran s'est dit «prêt à collaborer à la stabilisation de l'Afghanistan», notamment en combattant le trafic de drogue à ses frontières. «L'Iran est décisif au Moyen-Orient en raison de ses liens avec le Hamas à Ghaza, le Hezbollah au Liban et avec la Syrie», a poursuivi M.Frattini, en soulignant aussi que «l'Iran menace Israël et beaucoup de pays arabes avec la possibilité d'avoir l'arme nucléaire». «Il faut que nous agissions pour que l'Iran ait une influence positive, pour qu'il soit une puissance non pas crainte mais respectée», a estimé M.Frattini, soulignant que «l'Iran a le droit d'être une puissance nucléaire civile, non militaire». En matière de sanctions, il convient, selon lui, d'«éviter celles qui entretiennent l'orgueil national iranien». L'ONU devrait, selon lui, examiner d'ici fin janvier des propositions pour limiter la vente de produits pétroliers raffinés venant d'Iran et les voyages des personnes impliquées dans la répression. «L'Italie, premier partenaire commercial de l'Iran en Europe, a déjà gelé toute nouvelle initiative économique», a souligné M.Frattini. Il a en revanche complètement exclu «une action armée» contre l'Iran au cas où les sanctions ne fonctionneraient pas. «Seulement l'envisager suffirait à déclencher une catastrophe mondiale. Nous excluons toute option militaire même en cas de guerre civile», a souligné le ministre.