La position du gouvernement italien et celle de la majorité des représentants de la classe politique italienne, qu'ils soient de droite ou de gauche, durant la récente guerre lancée par la puissante armée israélienne (quatrième au monde) contre la bande de Ghaza, a laissé hébétée la communauté arabe d'Italie. Tous les décideurs italiens et hommes politiques qui comptent dans l'opposition ont justifié l'attaque sanglante israélienne qui a fait plus de 400 victimes parmi les enfants innocents de Ghaza. La présence de Berlusconi à la réunion tardive de l'Egypte se voulait un ultérieur appui inconditionnel à Tel-Aviv. « Nous sommes ici pour apporter notre soutien à Israël en ces moments difficiles », a affirmé le chef du gouvernement italien à la presse de son pays. Il faut dire que Berlusconi a suscité la stupeur, y compris parmi certains de ses homologues européens comme l'Espagnol José Louis Zapatero, en affirmant devant le Premier ministre israélien Ehud Olmert, qui, reconnaissant, l'a invité à un dîner officiel : « Lorsque je vois les missiles tomber sur les villes israéliennes, je considère cela comme une attaque contre nous également, contre l'Occident et notre vision de la démocratie et de la liberté. » En bon seigneur, Berlusconi a proposé l'envoi de patrouilles de carabiniers pour surveiller les points de passage entre l'Egypte et la bande de Ghaza dans le cadre de la force internationale proposée par les Israéliens et les Américains. Le responsable italien a également assuré l'armée israélienne d'une implication militaire directe, par voie maritime, mettant sur le plateau deux navires de guerre italiens. Selon Berlusconi, l'Italie doit jouer un rôle actif pour bloquer la contrebande d'armes par voie maritime au profit du mouvement Hamas. Il a, par ailleurs, mandaté son ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, dans la région du Moyen-Orient, afin de s'entretenir dans les capitales égyptienne et syrienne avec ses homologues arabes. Il faut dire que la position partiale observée par le gouvernement et une partie de la gauche italienne lors de l'attaque militaire israélienne contre la bande de Ghaza se résume sans doute dans les paroles de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Massimo D'Alema, qui a parlé d'une « classe politique italienne ignorante et cynique ». M. D'Alema a été l'unique homme politique italien important à avoir critiqué la guerre lancée par les Israéliens contre les Palestiniens de Ghaza, s'attirant les foudres de la communauté juive d'Italie. Insousciant face à ces attaques vindicatives, D'Alema, en ancien journaliste, n'épargne pas ses confrères et accuse « une grande partie des médias italiens » de mener « une propagande (pro-israélienne) sur ce conflit ». Et d'ajouter : « En Italie, on ne peut même plus évoquer l'usage disproportionné de la force sans être agressé. » La communauté palestinienne vivant en Italie avait tenu, la semaine dernière, un rassemblement de protestation devant le siège du ministère des Affaires étrangères italien pour inviter le gouvernement de Silvio Berlusconi « à cesser d'être le complice du massacre des Palestiniens à Ghaza ». La tradition diplomatique italienne qui se caractérisait, dans les décennies passées, par un soutien spontané aux causes des peuples arabes, et à celle des Palestiniens en particulier, n'est désormais qu'un lointain souvenir.