Loin des remous diplomatiques, l'Algérie et l'Union européenne continuent de coopérer sur des dossiers techniques. L'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, Amar Boudjama, et Abdelaziz Belkhadem, le représentant personnel du président de la République ne tarissent pas d'éloges à propos de la coopération avec l'Union européenne. Ils l'ont redit la semaine dernière sans cacher leur désir de voir les choses évoluer davantage en ce qui concerne la circulation des personnes et les échanges énergétiques. La révision du calendrier du démantèlement tarifaire est aussi parmi les chantiers qui attendent les deux partenaires. Mais point de paranoïa consistant à mettre sur le dos de l'Accord d'association, tous les maux de l'Algérie. L'ambassadeur trouve même extraordinaire que la coopération avec l'UE touche des domaines de souveraineté comme la justice, ou extrêmement sensibles, comme les prisons. En somme, l'Algérie est consciente que les relations avec l'Europe ne se limitent pas aux seuls échanges commerciaux. La coopération avec l'Union européenne est aussi exprimée à travers le programme d'appui à l'Accord d'association. Le plan d'action pour le second semestre 2010 de l'Unité de gestion du programme est axé sur plusieurs sujets. Il s'agit de la finalisation du cycle de négociations de cinq jumelages en préparation des contrats en vue de leur signature. L'un des projets vise l'amélioration des relations de l'administration fiscale avec les contribuables, au profit de la direction générale des impôts avec un budget de 900.000 euros. Le partenaire européen est représenté par la direction française des impôts. Il y a aussi un projet visant le renforcement de la capacité de l'Algérienne des eaux à améliorer la qualité de l'eau distribuée par ses réseaux avec un budget de 900.000 euros. Le partenaire européen est la Société wallonne des eaux (Belgique). L'appui à l'infrastructure qualité pour la préparation d'accords avec l'Union européenne dans le domaine de l'évaluation de la conformité est doté d'un budget de 1.000.000 d'euros. Le partenaire européen est un consortium franco-allemand. L'artisanat et la concurrence sont d'autres secteurs touchés par cette coopération. L'identification de 10 nouveaux projets de jumelage est aussi attendue. Un responsable de l'Union européenne s'est même déplacé à Alger, lors de ce mois, pour s'inquiéter du manque d'offres émanant des institutions locales. Les missions peuvent prendre 18 mois avant leur achèvement. La réalisation d'une quinzaine de missions de courte durée (5 jours) dans divers secteurs est aussi prévue. L'organisation de deux ateliers thématiques et un séminaire d'évaluation sont aussi au programme. C'est le cas également pour la réalisation de deux études d'évaluation sectorielle dont les thèmes restent à définir. Depuis le début de l'année, les missions lancées par l'Union européenne n'ont pas cessé. Les experts se sont occupés de domaines divers parmi lesquels la métrologie légale en contribution avec le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Il y a eu aussi la conférence euro-méditerranéenne sur les techniques des textiles et l'innovation organisée avec le Centre national des textiles et cuirs et la Confédération générale des entreprises algériennes. Un séminaire sur la législation dans le commerce international a aussi été organisé avec le ministère du Commerce à côté d'une autre rencontre sur le e-government. Ces initiatives visent à préparer l'Algérie à intégrer la zone de libre-échange avec l'Union européenne en 2017. Ces progrès ne font pas oublier aux Algériens qu'ils sont perdants dans le volet commercial. L'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles n'a pas manqué de souligner certains aspects d'importance pour l'Algérie et qui entravent cette coopération, citant le problème de la perte des recettes douanières accumulées depuis la signature de cet accord. Lors des négociations, en 2002, personne ne pouvait imaginer que l'Algérie se développerait aussi rapidement et qu'elle disposerait d'un certain nombre de capacités pour subvenir au marché intérieur, et que ses importations allaient doubler, passant de 20 milliards à 40 milliards d'euros en trois ans. Est-ce suffisant pour demander la résiliation de l'accord? Ce dernier est-il compatible avec le patriotisme économique prôné par les autorités? C'est un débat qui risque d'occuper pendant longtemps les colonnes des journaux.