Les meetings se poursuivaient normalement hier aux quatre coins de cette wilaya. Le terrain occupé par les ârchs depuis plus de deux mois est de plus en plus cédé aux partis en lice. Une campagne antivote menée essentiellement par le mouvement citoyen touche-t-elle à sa fin eu égard au peu de monde mobilisé lors des actions synchronisées initiées jeudi dernier? Rien n'est moins sûr pour l'heure. Une centaine de meetings, dits de proximité, a été marquée par le ton tranchant et le discours très virulent à l'endroit de tout ce qui est lié de près ou de loin au prochain scrutin. Les délégués de l'interwilayas sont allés prêcher le rejet du scrutin des locales avec un arsenal d'arguments développé à l'occasion de chaque sortie publique. Pendant ce temps, les partis en lice s'affairaient à confectionner les listes des candidats. Depuis le début de la campagne officielle, la ville de Béjaïa offrait l'image d'une ville plus animée par la rentrée sociale que par une campagne qui tarde à prendre son envol. Loin des quartiers généraux des partis en lice, notamment le FFS et le FLN, rien n'indique que nous sommes au début d'une campagne officielle pour les locales. Dans les grandes artères de la ville, c'est la ruée vers les libraires et non vers les sites d'affichages comme le veut la coutume en de pareilles circonstances. En effet, aucune affiche n'a fait son apparition au 3e jour de campagne, sur les rares sites encore en état. Il faut dire que l'administration locale a failli quelque peu dans ce domaine. Sur certaines façades, des graffiti du mouvement citoyen témoignent des slogans chers aux ârchs que ni le temps ni l'homme n'ont jugé utile d'effacer. Dans un café en face de la wilaya, un étudiant attablé, l'air soucieux, nous livre son point de vue sur le démarrage de la campagne. «J'avoue qu'on respire mieux, mais ce n'est pas pour autant que tout est fini!», s'exclame-t-il avant de conclure sur une note d'espoir: «Je reste convaincu que la sagesse des uns et des autres prévaudra tout le temps. La Kabylie est assez politisée pour sombrer facilement dans la violence.» L'ambiance est tout autre, plus loin, au siège du directoire de campagne du FFS. Une véritable effervescence y régnait. Les responsables ne cessaient de s'informer sur l'état d'avancement de la campagne à travers les communes. Entre deux coups de fil, Djamel Atta, secrétaire fédéral nous avoue: «Toutes les conditions sont réunies pour mener une bonne campagne. Les militants et les candidats de chaque commune sont sur le terrain pour un travail de proximité consistant à convaincre le maximum de citoyens d'aller au vote et de porter leur choix sur nos listes, mais aussi pour expliquer l'enjeu de la situation et ce, en attendant les grandes sorties publiques qui seront animées par les cadres du parti.» D'ores et déjà, le 1er secrétaire, Ahmed Djeddaï, est annoncé demain à Akbou pour un meeting populaire et dans l'après-midi de la même journée, Djamel Atta et Karim Tabou animeront une conférence débat à Chemini. Notons que la sortie entreprise à Tichy par le sénateur Mammeri et les candidats a été une réussite totale. Abordant les retraits qui se suivent, notre interlocuteur n'a pas hésité à les qualifier de «pure intox» en expliquant: «A notre niveau nous n'avons rien reçu». Au QG du FLN, le même état d'esprit est à signaler. Autour des députés et responsables de la mouhafada, d'autres militants et sympathisants venaient s'informer. On discutait de tout. Dans les rangs du FLN on n'a pas manqué de «condamner l'occupation d'une vingtaine de logements à Seddouk et autres incidents qui ont émaillé l'action des ârchs à Souk El-Thenine».