Un dessinateur libanais et des Algériens dont Omar Zelig ont partagé, l'espace d'une semaine, leur amour de l'image, autrement. Une dizaine de dessinateurs algériens issus de milieux professionnels différents, notamment la communication ou l'Ecole des beaux-art, mais tous réunis autour de la passion de l'image, ont partagé du 20 au 30 juin dernier, une résidence de dessin à Alger. Impulsé par les éditions Barzakh en collaboration avec l'agence de communication GANFooD et rehaussé par la présence du confirmé dessinateur libanais, Mazen Kerbaj, et le concours du journaliste /dessinateur Omar Zelig, le workshop avait pour but de cogiter autour d'un thème, celui d'Alger et sortir avec des planches de dessin dont le résultat a été présenté mercredi dernier à l'espace Noun d'Alger, sous le nom «Alger vu par...» en attendant la publication d'un petit ouvrage regroupant tous ces dessins, en automne prochain, par Barzakh. «Le projet s'est fait à trois, Omar Zelig, dessinateur bien connu, l'agence de design et de graphisme GanfooD, et nous mêmes. Nous avons émis le souhait de monter un projet qui serait alternatif et qui mettrait en valeur les jeunes dessinateurs d'Alger issus des Beaux-Arts d'Alger, notamment ou évoluant dans des agences de coms. On a monté une résidence dans un lieu avec Mazen pour travailler autour d'un thème qu'était Alger», nous confiera Sofiane Hadjadj, directeur des éditions Barzakh. Et de souligner: «L'idée est comment cordonner à plusieurs pour faire un projet un peu innovant, un peu alternatif. Mazen nous l'avons voulu comme un dessinateur invité. Il a un peu porté son regard sur le travail des uns et des autres. Il s'agissait aussi de donner son avis, ses impressions, étant un dessinateur beaucoup plus confirmé, reconnu avec plus d'expérience. Alors que les jeunes dessinateurs se cherchent encore, Mazen nous a rapporté son regard un peu décalé, il a apporté aussi un univers qui est très construit. Le but était de travailler avec un univers graphique libéré des codes, le but était de les faire sortir de leurs réflexes liés à la technologie. Le plus important était que ces jeunes dessinateurs découvrent Mazen dans son rapport au dessin et qu'ils sortent des images et clichés qui sont dans leurs têtes, et voir comment on pose les premières idées, comment on commence un ´´chantier´´, et revenir à des choses artisanales, au crayon dans la main, au feutre. Regarder ses livres, cogiter.» Né en 1975 à Beyrouth où il vit, Mazen Kerbaj a suivi une formation en publicité à l'Académie libanaise des beaux-arts. Il s'est fait connaître au monde durant l'été 2006 lors de la guerre au Liban en tenant son blog quotidien (http://mazenkerblog.blogspot.com) et en témoignant par l'humour de la situation. Il a publié ces dessins dans un livre intitulé Beyrouth juillet-août 2006 (éditions L'association en 2007). Il témoigne de cette aventure qu'il vient de partager avec notre groupe de dessinateurs algériens ainsi que de sa démarche artistique. «Ce n'est pas vraiment ma vision d'Alger que j'ai apportée mais une histoire ou des impressions d'Alger. Quelques planches vont être exposées, je n'ai pas fini l'histoire. Je n'ai pas encadré cet atelier, je n'aime pas ce mot, mais plutôt disons que j'ai partagé mon expérience. Ce sont tous des professionnels dont certains travaillent dans la pub avec des micros, il s'agissait de les libérer de leur rapport systématique avec l'ordinateur pour aller vers des visions plus personnelles, éviter l'ordinateur, se mettre un peu plus en danger, sans les contraindre à une obligation.» De son côté, la tête pensante, Omar Zelig, considéré comme une mine d'informations par Mazen, arborera un regard beaucoup plus intellectuel sur la chose de par sa double casquette, de journaliste mais aussi d'ancien dessinateur hâbleur rompu à la bande dessinée. Il confie: «Ma contribution est en tant que journaliste et dessinateur à temps perdu. J'espère que cette expérience va nous sortir de l'idée selon laquelle les enfants ne lisent pas. Le dessin s'adresse aussi aux adultes. Le graphisme peut dire des choses mieux que l'écrit et la vidéo, Mazen on l'a connu essentiellement grâce à son blog, où il faisait un dessin par jour, notamment sur les bombardements des raids israéliens sur Beyrouth. Il racontait des choses, ça devenait très poignant, plus fort que ce qu'on voyait en vidéo.. par le dessin il arrive à transmettre quelque chose d'indéfinissable. C'est ce qu'on veut montrer, que le dessin peut témoigner d'une façon différente et dire des choses parfois de manière plus complexe. Avec ces jeunes issus d'horizons divers, mais tous se retrouvant autour de la même passion, l'envie est d'abord de raconter des choses avec des images et autour du thème d'Alger. L'image peut apporter quelque chose de plus, d'indéfinissable, mais qu'on ne trouve pas ailleurs... Je t'épargne le cliché que l'image vaut mille discours, mais c'est en partie vrai...»