Très court et nous laissant sur notre faim, ce documentaire de 30 minutes, présenté samedi à la salle Ibn Zeydoun, coïncide avec les 40 ans de Bouzid... Si l'image est parfois plus forte que les paroles ou les mots, ce n'est pas le cas ici...Dans le film de 30 minutes signé Djilali Biskri et intitulé tout simplement Slim, l'auteur tente de cerner en 30 minutes, la grande et riche carrière de cet artiste de la plume. Sans succès. Il en cerne aussi la personnalité mais sans croquer en profondeur la personnalité. Pour en parler, il donne pour seul témoignage, celui du caricaturiste Hichem, le Hic qui nous fera une présentation générale, mais néanmoins intéressante, de qui est Slim partant de son incommensurable oeuvre. «Slim est un tout», dit- il, mettant en relief l'harmonie qui existe entre la trame scénéristique et graphique de ses dessins. Pour Slim, que Djilali Biskri a interviewé durant deux heures seulement pour n'en tirer que l'essentiel ou pas suffisamment, l'important c'est l'idée qui doit primer sur la beauté du graphisme. Ce film produit par Art Dynamique, boîte de Djilali Biskri en collaboration avec le Fibda (Festival international de la bande dessinée algérienne) nous laisse grandement sur notre faim. Slim est un film aseptisé, carré même s'il y a une recherche esthétique évidente à laquelle a essayé d'atteindre son auteur, lui-même créateur de BD. Reste que peu d'éléments marquent nos esprits à la fin de la projection, rien de si extraordinaire censé pourtant mettre en exergue 40 ans de bouzidisme! La vie de Slim est vite balayée. L'on sait qu'il est natif de Sidi Bel Abbès, que son père policier lui avait prédit une vie artistique. Aussi, avec un groupe de dessinateurs pour la plupart disparus aujourd'hui, il a créé le journal satirique El Menchar à une période tumultueuse de sa vie, dans les années 1990, autrement dit durant la tragédie nationale et qu'il dut partir se réfugier au Maroc. Formé au métier du cinéma et au dessin animé en Pologne, il travaillera pour le compte de la RTA, en faisant notamment des génériques. Mais il sera aussi designé pour le compte de la société Sonatrach et touchera au domaine de la pub dans différentes boîtes. Il sera même sollicité par l'OMS et l'Unesco. Trop simpliste et lisse, le film omet de rendre compte des détails et subtilités qui font la complexité et donc la richesse de la vie d'un individu. S'il est dit que Slim ne connaîtra aucune censure dans les journaux, notamment quand il fera les beaux jours d'El Moudjahid et plus tard d'Algérie Actualité avec Moustache et les frères Belgacem, il n'est pas pour autant signalé ses déboires avec certains journaux où l'on perdait souvent ses planches de Bouzid. Heureusement qu'il y a ce précieux ouvrage Slim, le gatt et moi, de Omar Zelig, paru aux éditions Dallimen pour apporter de plus amples éclaircissements et une meilleure compréhension de la vie de Slim qui n'a pas été de tout repos au début et même plus tard...Si l'on sait que Slim est un être timide, avare de paroles, le film lui, se veut également avare en témoignages. Le dessinateur le reconnaît même à la fin de la projection et s'empresse de l'avouer publiquement dès l'entame du débat. Il aurait dû parler plus pour ajouter plus de détails sentant certainement que ce film manque cruellement d'informations approfondies pour comprendre qui est Slim, ce fondateur de la revue Mekidech, qui a, à son actif, par ailleurs, quatre films d'animation, dont Galal, Gasba et Dinars, Bouzid et la superamine et Bouzid et le train. Le film retrace néanmoins les périodes phares de sa création des années 1960, 1970 et 1980 avec les problèmes sociaux y afférents, de la révolution agraire à nos jours. Interrogé, Djilali Biskri avoue avoir écrit réalisé et monté le film, le tout en l'espace d'un mois. Pas suffisant. «Je vouais faire un film simple et réel. Je ne voulais pas faire intervenir beaucoup de monde, sinon on aurait eu une dispersion du sujet. J'ai choisi le Hic, car il appartient à une génération intermédiaire entre Slim et ces nouveaux étudiants de l'Ecole des beaux-arts qui ne connaissent même pas Slim. Ce film de 30 minutes est en fait une synthèse. Je voulais parler de Slim à travers les autres.» Destiné pour la télévision, nous confie Djilali Biskri, ce dernier compte entamer un deux fois 52 minutes sur la bande dessinée africaine et n'exclut pas de faire participer son film Slim dans différents festivals. L'après-débat a vu Slim et Omar Zelig dédicacer leurs ouvrages respectifs devant une foule d'admirateurs.