L'information a filtré au cours d'un tête-à- tête, entre le représentant personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara occidental et le ministre espagnol des Affaires étrangères. Selon un communiqué du ministère espagnol des Affaires étrangères, les discussions auraient porté essentiellement sur «les questions se rapportant à la question du Sahara». En particulier «la préparation d'une troisième réunion informelle», assure-t-on du côté de la capitale ibérique. L'envoyé spécial du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental a rencontré le chef de la diplomatie espagnole, jeudi à Madrid. Que se sont dits les deux hommes au cours de cette entrevue? Il est pratiquement certain que Christopher Ross avait à coeur de relancer les pourparlers, entre le Maroc et le Front Polisario, qui ont pris du plomb dans l'aile, notamment après que le SG de l'ONU ait omis de prendre en compte une des principales revendications des responsables sahraouis: en l'occurrence, doter la Minurso, la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme. L'Espagne, dont la responsabilité historique dans le conflit du Sahara occidental n'est plus à démontrer, représentait tout à fait naturellement une étape nécessaire pour tenter de renouer le fil du dialogue entre Marocains et Sahraouis. Et c'est donc sans grande surprise que Miguel Angel Moratinos a renouvelé «l'appui total de son pays» à cette nouvelle tentative de Christopher Ross pour essayer de trouver «une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable» entre les deux parties en conflit dans le cadre des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité, a précisé le communiqué du chef de la diplomatie espagnole. La mission est titanesque, mais pas impossible. Le terrain fort miné doit être avant tout déblayé. L'objectif est triple: «La préparation d'une troisième réunion informelle», «les mesures visant à consolider la confiance entre les parties» et «les perspectives qui s'ouvrent après l'adoption par le Conseil de sécurité, le 30 avril dernier, de la résolution 1920 relative à la reconduction», indiquent les informations en provenance de Madrid. Démarche concertée ou simple coïncidence? Le président du Parlement centraméricain (Parlacen), a appelé, mercredi depuis la capitale du Nicaragua, Managua, le Front Polisario et le Maroc à reprendre le chemin des négociations. Jacinto Espinoza Suarez a exhorté les deux parties en conflit «à faire des efforts pour la reprise des négociations pour parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui respecte l'autodétermination du peuple sahraoui», a confié une source proche de l'ambassade de la Rasd à Managua, à l'agence de presse officielle sahraouie SPS. Il faut signaler que le soutien du gouvernement espagnol à une reprise du dialogue entre le Maroc et le Polisario intervient dans une conjoncture paradoxale. Selon le quotidien espagnol El Pais qui cite un rapport présenté au mois de juin 2009 au Congrès par la secrétaire d'Etat au Commerce, Silvia Iranzo, les ventes d'armes à destinations du Maroc en 2008 ont connu une croissance de plus de 10% par rapport à 2007. Elles ont atteint la coquette somme de 113,90 millions d'euros en 2008 contre seulement 11,13 millions d'euros en 2007. Plusieurs organisations sahraouies et espagnoles des droits de l'homme ont introduit, mercredi, un recours devant le tribunal national espagnol au sujet de la réponse du secrétariat d'Etat espagnol au Commerce, datée du 29 avril dernier, concernant la vente de matériel militaire espagnol au Maroc. La requête repose sur une loi qui existe depuis le mois de décembre 2007. Cette dernière stipule qu'elle doit s'aligner sur la ligne de conduite que s'est fixée l'Union européenne: l'interdiction de la vente d'armes à des pays en conflit qui, de surcroît, violent les droits de l'homme. A ce titre le Maroc est concerné à plus d'un titre. «Depuis 1975, il occupe de manière violente le Sahara occidental, séparé avec un mur militarisé plus long que celui de Berlin, ne respecte aucune convention internationale et détient plus de 50 prisonniers de conscience dans des prisons militaires. Le Maroc est donc l'exemple le plus clair de pays qui ne doit bénéficier d'aucune licence ni autorisation de vente d'armes de la part de l'Espagne», avait fait remarquer, déjà au mois d'avril 2010 lors d'un point de presse, l'avocate espagnole, Inès Miranda.