«C'est un homme pertinent dans ses conclusions et objectif dans son engagement», a souligné un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères. Les négociateurs marocains ont sans aucun doute perdu un allié de poids dans les négociations de paix qu'ils continueront à mener avec le Front Polisario. Aligné sur la proposition marocaine, qui ne jure que par l'autonomie, Peter Van Walsum, dont le mandat n'a pas été renouvelé par le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, avait annoncé la couleur. «L'indépendance du Sahara occidental est irréaliste», avait-il confié au lendemain de la fin d'un quatrième round de négociations entre les deux parties en conflit (Maroc et Polisario) où il était normalement cantonné au rôle de facilitateur. Un pas venait d'être désormais franchi en faveur de la position marocaine. Mohammed VI jubile. Le Front Polisario est scandalisé. La neutralité qu'aurait dû garder l'envoyé spécial de l'ONU n'a pas été respectée. A partir de ce moment-là, les représentants du peuple sahraoui n'auront de cesse de réclamer sa tête. Le mandat du diplomate néerlandais a expiré officiellement le 21 août 2008. Ban Ki-moon décide de ne pas le renouveler. Le Polisario remporte une retentissante victoire diplomatique. Le départ de Van Walsum est «une victoire de la légalité internationale», souligne un communiqué de la République arabe sahraouie. De l'autre côté, le Royaume chérifien a visiblement très mal digéré le non-renouvellement du mandat du représentant personnel de Ban Ki-moon au Sahara occidental. Il s'arc-queboute et durcit ses positions. Une correspondance a été transmise au secrétaire général de l'ONU. «Le Maroc réaffirme qu'il poursuivra son engagement avec sérénité, responsabilité et fermeté en vue de parvenir à une solution politique, basée sur l'autonomie et rien que l'autonomie, dans le strict respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté nationale du Royaume», a déclaré le département des Affaires étrangères marocain. Ce qui augure des négociations futures âpres et ardues. Peter Van Walsum, après la notification de sa mise à l'écart, s'était exprimé dans les colonnes du quotidien espagnol El Pais au sujet du conflit du Sahara occidental. «Si le Polisario continue à exiger un référendum pour l'indépendance, le Maroc le rejettera de nouveau et le Conseil de sécurité de l'ONU va insister pour trouver un accord consensuel. Et rien ne changera», avait prédit le haut fonctionnaire de l'Organisation internationale des Nations unies. Van Walsum était-il dans le secret des Dieux? Mohammed VI tente pour sa part de semer la confusion. Dans sa correspondance au Conseil de sécurité, il rappelle à ce dernier que dans sa résolution 1813 adoptée le 30 avril 2008, il souligne «son soutien sans réserve à l'engagement du secrétaire général de l'ONU et de son envoyé spécial après que Peter Van Walsum ait déclaré le 21 avril, l'option de l'indépendance du Sahara occidental irréaliste». Mais voilà, la réalité est bien là. Van Walsum est parti. Il a payé son manque de réserve. Une règle de jeu essentielle pour la crédibilité de l'organisation qu'il représente et le respect de sa hiérarchie. Le Royaume chérifien est-il orphelin de Van Walsum? Rabat lui a rendu un hommage appuyé. Le travail entrepris par le représentant personnel de Ban Ki-moon, dans le cadre des rounds de négociations qui ont eu lieu dans la banlieue de New York à Manhasset, a été salué par les autorités marocaines. Peter Van Walsum a été qualifié d'homme «pertinent dans ses conclusions et objectif dans son engagement». Le communiqué a cependant omis de dire que les territoires du Sahara occidental occupés ont fait l'objet d'une répression féroce les 20, 21 et 22 août. A Dakhla et Smara, les populations sahraouies ont brandi les drapeaux de la Rasd, réclamant leur indépendance. Sans commentaire.