Le troisième trimestre de l'année 2010 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices: les spécialistes sont inquiets. Les prix du pétrole nous referont-ils le coup d'il y a deux ans? Après avoir atteint le record absolu des 147 dollars le 8 juillet 2008, ils ont entamé leur descente aux enfers pour se retrouver à 32,40 dollars à la fin du mois de décembre de la même année. Qu'en pense Adam Sieminski? «Nous nous inquiétions depuis un certain temps du fait que le troisième trimestre puisse être très volatile sur le marché boursier et pour les prix du pétrole, avec pour moteur le ralentissement de l'activité manufacturière à la fois en Chine et aux Etats-Unis. On commence à le voir maintenant.» Malgré ce pessimisme affiché, en ce qui concerne les trois prochains mois, l'analyste de Deutsche Bank, écarte toutefois ce mauvais scénario. Le prix moyen du baril devrait osciller autour des 65 dollars d'ici le début du mois d'octobre, ont estimé l'économiste en chef du département de l'énergie et les experts de la plus importante Banque d'Allemagne. D'après leur pronostic, il faudrait s'attendre au pire à seulement une baisse de moins de 10 dollars. Une perte assez significative tout de même pour mettre les cours de l'or noir hors de la fourchette des prix que se sont fixés les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole: entre 75 à 80 dollars. Il faut, cependant, faire remarquer que ce niveau actuel des prix du pétrole est jugé plutôt «satisfaisant» par les principaux responsables de l'Opep. «Les prix actuels sont satisfaisants. Je ne vois pas de changement dans la production, je ne vois pas de réunion à venir avant celle d'octobre», a déclaré le secrétaire général de l'Opep, Abdallah el Badri il y a tout juste une semaine à Bruxelles à la veille de la réunion qui s'est tenue le 28 juin entre l'Opep et la Commission européenne. Pas de panique donc du côté des pays producteurs. Ce qui inquiète les analystes, ce sont surtout les chiffres de l'emploi et les principaux indicateurs économiques en provenance des USA, véritable locomotive de l'économie mondiale, et des pays émergents tels que l'Inde et la Chine qui ont affiché une relative insolente santé économique malgré les ravages (destruction des postes d'emploi, licenciement...) provoqués par la terrible crise financière internationale. A ce titre, les derniers chiffres mensuels en date de l'emploi n'ont pas rassuré les investisseurs. Malgré un recul du taux de chômage à 9,5% aux Etats-Unis, les destructions nettes d'emplois se sont élevées à 125.000 au mois de juin. Les analystes avaient tablé sur des suppressions d'emplois qui ne dépasseraient pas les 100.000 postes. Leurs prévisions ont été dépassées de 25%. Le marché de l'or noir aiguillonné par ces indices économiques semble irrémédiablement subir leur loi. «Ce qui mène ce marché, ce sont les inquiétudes supplémentaires sur les perspectives économiques au vu des indicateurs médiocres publiés cette semaine, à la fois en Chine et aux Etats-Unis», a fait remarquer Adam Sieminski. Ce qui fût surtout inquiétant, cette semaine, ce sont ces six séances consécutives dans le rouge qu'auront vécu les prix du brut, qui sont finalement revenus à leur niveau de la fin du mois de mai. En l'espace d'une semaine, ils auront accusé une perte de près de 7 dollars. Les indicateurs ont révélé que l'activité économique était encore en période de rémission. Ils ont donc, par conséquent, influé négativement le marché de l'or noir. Vendredi, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en août, a clôturé la semaine à 72,14 dollars. Une baisse de moins de 1 dollar par rapport à la veille. Soit un recul de 81 cents. Les spécialistes, bien qu'ils aient exprimé de l'inquiétude, ne semblent pas dramatiser outre mesure. Ils tablent sur le secteur privé qui n'a pas cessé de créer des emplois selon certains d'entre eux. Tout n'est pas perdu alors? «Il va finir par arriver que l'emploi privé s'améliore, la demande va augmenter et les stocks devraient suivre (à la baisse Ndlr)», a pronostiqué Adam Sieminski, l'économiste en chef du département de l'énergie à la Deutsche Bank. L'Opep qui tiendra, en principe, sa prochaine réunion au mois d'octobre a trois mois devant elle pour en tirer les conséquences et prendre la décision qui s'impose.