Le baril de brut a inscrit lundi de nouveaux records absolus à New York, dépassant pour la première fois les 85 dollars, et à Londres où il s'approchait de 82 dollars. Ces hausses sont dues notamment à des tensions à la frontière entre la Turquie et l'Irak alors que l'offre est déjà extrêmement tendue à l'approche de l'hiver. Lors des échanges électroniques à New York, le baril de light sweet crude pour livraison en novembre a atteint 85,19 dollars à New York, tandis qu'à Londres, le baril de Brent sur le même contrat a frôlé 82 dollars à 81,93 dollars. "Le marché s'inquiète de tensions à la frontière entre la Turquie et l'Irak, c'est le souci principal en ce moment. Pour le moment, la production n'est pas affectée, mais le marché craint qu'elle ne le soit, sachant que des oléoducs importants passent dans la région", a expliqué Robert Montefusco, analyste à la maison de courtage Sucden. La Turquie avait affirmé mardi dernier qu'elle lancerait "si nécessaire" des opérations transfrontalières pour éradiquer les camps de l'organisation séparatiste armée du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) installés dans le nord de l'Irak. Ces tensions interviennent à un moment où le marché est déjà très nerveux et s'inquiète de possibles pénuries de brut cet hiver, au vu de l'état critique des stocks aux Etats-Unis et en Europe. Aussi, Dexia a examiné la situation sur les marchés pétroliers. Depuis le début du mois de septembre, les prix ont repris leur évolution à la hausse pour atteindre récemment de nouveaux records. Au début, la hausse était due à l'incertitude quant à la bonne volonté de l'OPEP d'augmenter sa production. Après sa réunion du 11 septembre, l'OPEP a promis d'augmenter sa production (qui était déjà supérieure au quota) de 500.000 barils par jour à partir du 1er novembre. Ce geste de l'OPEP n'a toutefois pas réussi à convaincre les spéculateurs. Ensuite, c'est la saison des ouragans dans le Golfe du Mexique qui a fait augmenter le prix du pétrole. La baisse des réserves commerciales américaines de pétrole depuis la fin du mois d'août et la baisse des taux d'intérêt par la Réserve fédérale ont également joué en faveur des spéculateurs. Et finalement, il a aussi fallu tenir compte du programme nucléaire de l'Iran qui a également contribué à la hausse du prix du pétrole. D'après Dexia, la hausse la plus récente du prix du pétrole ne correspond pas à la situation fondamentale du marché pétrolier. Bien que les réserves commerciales américaines soient inférieures à celles d'il y a un an, elles sont encore largement supérieures à la moyenne à long terme, et cela les spéculateurs font semblant de ne pas l'avoir remarqué. En réalité, il n'est donc pas question d'une pénurie de pétrole brut. De plus, l'offre mondiale de pétrole a toujours suivi la demande. Les pays membres de l'OPEP investissent systématiquement dans l'exploration de pétrole et de gaz et leur capacité de réserves est encore suffisante. Dexia est d'avis que d'ici la fin de l'année le prix du pétrole pourrait encore augmenter en raison de la demande accrue de pétrole pendant les mois d'hiver. L'évolution du prix dépendra du rythme de constitution des réserves américaines et de la température dans l'hémisphère Nord pendant les mois d'hiver. Pour sa part, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a maintenu ses estimations de demande de pétrole pour 2007 à 1,52% (contre 1,51% en septembre) tout en soulignant la persistance d'incertitudes géopolitiques et économiques qui ne devraient pas avoir d'impact sérieux sur l'offre et la demande prochainement, selon son rapport mensuel publié lundi. "La hausse de la demande de pétrole en 2007 devrait atteindre 1,28 million de barils par jour (mbj) ou 1,52%" à 85,75 mbj, selon le rapport d'août publié au siège du cartel à Vienne. Dans son rapport de septembre, l'Opep tablait sur une hausse de la demande mondiale de 1,51% à 85,72 mbj pour l'ensemble de l'année 2007. Pour 2008, le cartel table toujours sur une hausse de la demande mondiale de 1,3 mbj à 87,1 mbj "soit pratiquement la même estimation que lors du précédent rapport". "Le troisième trimestre est généralement une période de basse saison pour la demande mondiale de pétrole, en particulier dans les pays de l'OCDE", note le rapport.