Les experts d'Euro-développement PME ont recommandé l'ouverture du segment des boissons en Algérie aux marchés étrangers et l'amélioration de l'environnement dans lequel il évolue. Hier, lors de l'exposé à Alger de l'étude portant sur la filière boissons réalisée par des experts algériens et étrangers dans le cadre du programme MEDA au profit de l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB), Michel Boidin, l'un des concepteurs de l'étude, a souligné la nécessité de définir une politique générale de développement de cette branche dont le marché se révèle de plus en plus porteur. L'étude, qui a porté sur les boissons gazeuses (sodas) et plates (eaux aromatisées et sirops), les jus de fruits, les bières, les vins (ordinaires, mousseux et champagne) ainsi que les eaux embouteillées (eaux et eaux de source), a concerné 134 entreprises jugées « représentatives » de la filière. L'étude cite quelques 1400 entreprises inscrites au registre de commerce pour un objet social ou en rapport avec les boissons, mais seules 430 d'entre elles « paraissent dignes d'être considérées dans le cadre de cette étude », a indiqué le rapport. Les experts d'Euro-développement PME ont noté qu'à l'instar des autres filières de l'agroalimentaire, « il y a une forte tendance à ‘l'oligopolisation' des acteurs de la filière ». En 2003, et sur un total de 12 984 000 hectolitres, la production a été essentiellement répartie à hauteur de 41% chacune par les eaux embouteillées et les boissons gazeuses. Les bières représentent quelque 9% de la production, les jus de fruits 5%, les vins 3% et enfin les boissons plates à hauteur de seulement 1% de la production totale, note le rapport. Quant aux emplois du secteur, les boissons gazeuses absorbent 31% du total des emplois de la filière, estimés à 13 508. Les eaux embouteillées emploient à hauteur de 29%, les vins représentent 18% et les bières 14%. Sur une consommation moyenne proche de 41 litres par habitant et par an (297 en France), le secteur a réalisé en 2003 un chiffre d'affaires qui s'élève à 32 milliards de dinars, dont 32% sont réalisés par le secteur des boissons gazeuses. Les experts ont conclu qu'il n'existe pas de surcoûts particuliers par rapport à des approvisionnements en Europe, alors que les coûts de la main-d'œuvre directe sont considérés comme un avantage pour l'Algérie par rapport aux coûts européens. Une surcapacité importante, des causes de sous-utilisation trop nombreuses et des taux de rebut trop importants sont des facteurs « très préjudiciables en termes de maîtrise des coûts indirects », note le rapport. A propos de la distribution, les experts, pour qui la grande distribution est très peu présente en Algérie, qui « se démarque, pour le moment, des tendances mondiales touchant l'industrie agroalimentaire », ont toutefois signalé trois exceptions : celles du groupe Blanky, Carrefour qui serait sur le point de s'installer en Algérie après la Tunisie, et le groupe 2A qui aurait conclu avec des Egyptiens pour le lancement d'une grande enseigne de distribution. Evaluant le marché à l'horizon 2008, le rapport des experts d'Euro-développement PME a indiqué que la consommation totale sera portée à environ 19 millions d'hectolitres, dont un peu plus de 7 millions d'hectolitres pour les boissons gazeuses. Enfin, et tout en précisant la difficulté d'une évaluation rigoureuse du secteur « faute d'un système d'information fiable », Michel Boidin a plaidé la mise en place d'un système d'information sur le marché ainsi que la création d'un centre technique interprofessionnel de la boisson. Tout en estimant qu'il est impératif de se conformer aux nouvelles réglementations en vigueur dans les pays ciblés par la filière, l'expert français a toutefois souligné que de telles recommandations ne peuvent s'avérer efficientes sans le concours des pouvoirs publics, auxquels il est suggéré la création d'un environnement favorable au développement des initiatives.