L'annonce dans la nuit des résultats portant sur un peu plus de 50% des bureaux de vote et donnant la victoire à Jaroslaw Kaczinsky avait fait renaître le suspense en retournant provisoirement la tendance. Le candidat libéral Bronislaw Komorowski a battu, dimanche, son adversaire conservateur Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau du président défunt, à l'issue d'un duel serré à la présidentielle en Pologne, selon des résultats quasi-définitifs. M.Bronislaw Komorowski, allié du Premier ministre pro-européen Donald Tusk, a recueilli 52,63% des votes contre 47,37% pour le candidat du parti nationaliste eurosceptique Droit et Justice, après dépouillement des bulletins dans 95% des bureaux de vote, a annoncé le chef de la Commission électorale nationale Stefan Jaworski. La participation dans ce pays de plus de 30 millions d'électeurs était un facteur clé en cette période de vacances. Elle s'est élevée à 55,29%, a précisé M.Jaworski. Les résultats définitifs officiels devaient être publiés hier en début d'après-midi, a-t-il indiqué. M.Kaczynski avait congratulé son adversaire juste après la publication des résultats des deux sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote. «Je félicite le vainqueur. Je félicite Bronislaw Komorowski», avait-il déclaré dans un discours. «Une petite bouteille de champagne maintenant, mais pour la grande on attendra lundi», avait lancé M.Komorowski, prudent, dans une allusion à l'attente des résultats officiels définitifs. L'annonce dans la nuit des résultats portant sur un peu plus de 50% des bureaux de vote avait fait renaître le suspense en retournant provisoirement la tendance. «Les divisions sont un élément inséparable de la démocratie», a déclaré M.Komorowski, ajoutant: «Il y a un grand travail à faire pour que ces divisions ne nous empêchent pas de coopérer, n'entravent pas la construction d'une entente nationale». «Ce sont les électeurs hostiles à Kaczynski qui ont décidé du résultat, dont beaucoup d'électeurs de gauche», a déclaré le sociologue Edmund Wnuk-Lipinski. Environ 70% des électeurs du candidat social-démocrate, Grzegorz Napieralski, arrivé troisième au premier tour, ont reporté leur voix sur le candidat libéral, selon l'un des sondages. Cette élection faisait suite à l'accident d'avion qui a coûté la vie le 10 avril en Russie au président Lech Kaczynski, à son épouse et à 94 autres personnes dont de nombreux hauts responsables politiques et militaires, et traumatisé le pays. La campagne électorale, plus calme que d'habitude car marquée par la mort du chef de l'Etat puis assombrie par des inondations dévastatrices, a malgré tout creusé les divisions entre une Pologne conservatrice, celle des petites villes et campagnes, dans l'ensemble plus âgée et moins éduquée, et une Pologne des grandes villes, plus jeune et plus ouverte au monde. Jaroslaw Kaczynski s'est efforcé de faire oublier son style intransigeant, son art de diviser et les blocages répétés des institutions européennes qui ont marqué le temps où il était le Premier ministre de son frère, de juillet 2006 à novembre 2007. M.Komorowski s'est lui aussi posé en rassembleur sous le slogan «L'entente est constructive», qui sous-entend que son élection mettrait fin à une cohabitation difficile entre le gouvernement libéral de Donald Tusk et l'opposition conservatrice qu'avait représentée le président Lech Kaczynski. «Cela a été un excellent entraînement», a lancé M.Kaczynski, faisant allusion aux municipales de l'automne prochain et aux législatives de 2011.