Boubeker Benfradj, directeur du Festival de Carthage «La Tunisie fête l'année du cinéma» Le cinéma ouvre cette année le festival car c'est une nouveauté de circonstance. Parce que la Tunisie fête cette année, l'année du cinéma. Le Festival de Carthage s'inscrit dans cette dynamique nationale. Il a choisi donc de s'ouvrir par le cinéma. Nous sommes très heureux que le film soit tuniso-algérien, que nous ayons avec nous des artistes et journalistes algériens et des personnalités algériennes qui ont partagé avec nous cette soirée tuniso-algérienne, je dirais au sens propre du terme. Je dois exprimer aussi mon admiration aux acteurs algériens qui ont fait une excellente performance. Le réalisateur Abdelatif Benameur «Le cinéma ne remplace pas les historiens» Falsifier l'histoire, c'est toujours pour servir des intérêts personnels. Le film porte sur la falsification de l'histoire de la part de gens qui seront demain jugés pour leurs actes de traîtrise. Aujourd'hui ou demain, la vérité réapparaît toujours. Le monde arabe a-t-il écrit son histoire? les historiens arabes ont-ils écrit leur histoire? La nouvelle génération a-t-elle suffisamment de preuves et d'outils pour pouvoir aborder sereinement son passé avec objectivité? Ici, le cinéma sert à dire que même le problème de la question de la vérité historique a son importance. L'histoire, c'est une science. Le cinéma ne peut la remplacer. L'histoire doit s'écrire. Effectivement, à travers du film, en plus du réquisitoire fait à l'encontre des falsificateurs de l'histoire, je rends hommage à tous les vrais artistes. Je veux les immortaliser. Et si j'ai l'occasion de le faire, je le ferai volontiers à chaque fois que je pourrai. (...) Si mon film ressemble à un certain degré à Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, c'est qu'ils appartiennent tous les deux à un mouvement de réaction de notre part, car l'être arabe a été décrit par l'autre de manière caricaturale. C'est de notre devoir de dire que l'être arabe a une densité, des problèmes et une sensibilité. Il n'a rien à envier aux autres. L'acteur Naji Najah «La vérité est une grande utopie» On a besoin de notre histoire, de gens qui écrivent notre vraie histoire pour la faire connaître à la nouvelle génération. Toute notre vie est une quête permanente de la vie. On ne trouvera jamais un sens véridique à la vie. Il faut avoir un coeur prêt à contenir beaucoup d'amour pour que tu puisses atteindre la vérité et que le milieu dans lequel tu cherches t'apprécie. Pour ce faire, l'environnement se doit t'être idoine pour toucher la vérité. Des gens ont été emprisonnés à cause d'un quart de vérité, dans tous les domaines. Parfois elle fait mal.La vérité est une chanson qu'on chante toute notre vie. La vérité a mille visages. Mille versions. A chacun comment il voit cette vérité. C'est une grande bataille, c'est une utopie. Sa quête est quotidienne. Leïla Ouaz «Shama représente la conscience de la jeunesse d'aujourd'hui» Je salue le côté algérien du film avec toute sa volonté de participation à ce long métrage et dans sa prise de positon que nous partageons tous. Selon moi, le film de Abdelatif Benameur ne se dissocie par de la grande histoire car il a travaillé avec de nombreux historiens pour le faire, ni de l'aspect artistique et la manière de raconter ce film à des jeunes, dont 30 ans après, ces derniers se sentent encore perdus, car ne connaissant par leur histoire et celle du monde arabe. Pis, ils sont bercés par les histoires des autres guerres dans le monde. Je suis persuadée qu'il existe de nombreuses personnes comme Shama, avides de connaître leur histoire. Le rôle de Shama est de toucher la jeunesse du monde arabe de façon générale et l'inciter à connaître son passé. Shama représente cette personne qui ne lâche pas prise et va jusqu'auboutisme d'elle-même et de son histoire. Il faut qu'elle soit véritablement un acteur dans sa société pour réécrire l'histoire de la façon la plus juste et qu'elle dise aux falsificateurs de l'histoire que la jeunesse n'est pas dupe, mais bel et bien consciente des stratégies de manipulation qui existent dans le monde y compris au niveau des médias. Pour paraphraser Einstein je dirais: «Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui le regardent faire sans intervenir.»