Le phénomène du travail des enfants demeure un sujet méconnu au ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Le ministre du secteur, M.Tayeb Louh, l'a affirmé lors du point de presse qu'il a organisé en marge des travaux du séminaire sur «le rôle de l'administration du travail dans la lutte contre le travail des enfants» qui ont eu lieu hier à l'hôtel Safir (Alger). «Nous n'avons pas de statistiques sur se phénomène», a t-il déclaré tout en appelant les journalistes à plus d'investigations sur le terrain et la société civile à s'impliquer pour juguler ce phénomène. Les seuls chiffres donnés par M.Louh sont limités à un sondage réalisé par son département lors du premier semestre 2002. Sur 6000 postes de travail où existent 16.895 salariés, il a été constaté 95 cas de travail d'enfants ne dépassant pas 16 ans. 22 cas ont été recensés à Alger, 12 à Ouargla, 9 à Blida, etc. A voir les résultats de ce sondage et la réalité du terrain on peut, sans effort, conclure deux choses: ou le travail a été réalisé dans un pays autre que l'Algérie, ou les personnes qui se sont chargés de ce travail ont ciblé des entreprises qui n'emploient pas d'enfants. La non-maîtrise des chiffres a été expliquée par le ministre par le fait que le problème en question est nouveau en Algérie. Il est apparu, selon lui, avec le début des réformes économiques qui, elles, ont commencé il y a déjà dix ans. Dans son discours, Tayeb Louh a, par ailleurs, lié le déploiement du «phénomène» à trois causes. La pauvreté en premier lieu, le système éducatif en deuxième et, enfin, la tradition sociale. Dans ce séminaire auquel ont pris part l'Organisation arabe du travail, le Centre arabe de l'administration du travail et de l'emploi (Tunis), l'Inspection générale du travail et le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, les experts vont s'atteler à l'identification des causes du problème d'abord et trouver les moyens adéquats pour renforcer les mesures préventives ensuite. Cependant, dès que l'on énumère les causes on voit l'ampleur de la question. Le problème du travail des enfants dépasse les seules prérogatives du ministère de M.Louh, il déborde sur les collectivités locales, les organisations non gouvernementales, les partenaires sociaux, la famille et l'école. Pour ce dernier point, le ministre du Travail s'est félicité de notre système éducatif «qui a contribué d'une façon déterminante à empêcher le travail des enfants dans la mesure où il leur assure une scolarité jusqu'à l'âge de 16 ans». Il apparaît donc clairement que c'est dans une démarche cohérente, qui implique la société civile au sens large qui enclenche un débat et une réflexion sociale, que l'on doit s'attaquer au problème dans l'espoir d'aboutir à une solution durable.