«La lutte syndicale sera focalisée sur le volet relatif au dossier de retraite et le contenu du nouveau Code du travail.» Le scénario de l'année écoulée risque de se répéter. «Juste après l'annonce des résultats du baccalauréat, le gouvernement nous surprend avec l'annulation de sa première instruction de février 2010 et son remplacement par une nouvelle circulaire», regrette le porte-parole du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), Messaoud Boudiba, contacté hier. Cette mesure totalement désapprouvée rappelle au souvenir des enseignants l'autre décision du même genre produite par l'Exécutif à la même période de l'année dernière. C'était l'annulation de l'effet rétroactif ayant conduit à la grève de trois semaines du mois d'octobre dernier. Forcément, le dialogue amorcé par les pouvoirs publics et les syndicats autonomes risque de tourner court. Alors qu'elle été programmée solennellement pour le premier semestre 2010 «la deuxième tranche du rappel inhérente au régime indemnitaire» ne sera versée qu'au mois de mai 2011, selon la circulaire de Ahmed Ouyahia. Cette instruction fortement contestée est assimilée à «une provocation par notre interlocuteur». «Les enseignants ont l'impression que les mêmes pratiques sont reproduites sciemment pour déstabiliser davantage le secteur», déplore le porte-parole du Cnapest qui suppute «une tentative de créer un conflit entre la direction syndicale et sa base qui ne manquera pas d'avoir une réaction radicale». La réaction des enseignants du secondaire sera connue à l'issue d' une session de conseil national du Cnapest qui se tiendra «dans une semaine», selon le même syndicaliste. De son côté, le président du Conseil des lycées d'Alger, le CLA, a souligné que «cette circulaire renseigne sur le degré de légèreté avec laquelle procède le gouvernement. Cela signifie aussi la non-tenue des promesses annoncées en fanfare et qui risque d'écorner la crédibilité de l'Etat». Notre interlocuteur croit savoir que cette circulaire est «une diversion préméditée». Le président du CLA laisse entendre que «le gouvernement sait pertinemment que les revendications syndicales seront focalisées sur le volet relatif au dossier de retraite et le contenu du nouveau Code du travail. Notamment en ce qui concerne les chapitres liés aux libertés syndicales, le statut particulier dont toutes les anomalies ne sont pas encore corrigées, ainsi que la valorisation du point indiciaire dont la flexibilité doit être alignée sur le taux d'inflation». Pour notre interlocuteur, «la circulaire de Ahmed Ouyahia relève d'un faux problème par lequel on voudrait influencer la base syndicale». Toutefois, estime le même syndicaliste, «il est clair que la base est très déçue en voyant ses programmes de dépenses totalement remis en cause par cette nouvelle circulaire hautement décriée». Plus tranchant, notre interlocuteur fera savoir que «non seulement la lutte va reprendre parce que les syndicats ne sont pas dupes, mais elle sera portée sur les véritables revendications». Par ailleurs, s'agissant du nouveau régime indemnitaire des fonctionnaires des corps communs qui sera pris en charge par la loi de finances complémentaire, il sera effectif à partir du mois d'août 2010, d'après ladite circulaire. De même qu'un échéancier concernant les rappels couvrant les mois de janvier 2008 à juillet 2010, sur le même régime indemnitaire, a été établi. Enfin, en plus de la rentrée scolaire qui risque d'être perturbée, le recours à la contestation risque de toucher le secteur de la santé. Pour l'heure, aucune solution concrète n'a été proposée pour les praticiens de la santé publique. L'enseignement supérieur n'est pas en reste. Le scénario de la contestation n'est pas écarté dans ce secteur, selon les derniers développements.