Au moment où une loi sur la concurrence est votée hier par l'APN, la pratique commerciale continue au mépris des normes. Le marché de la cité 8-Mai 1945 à Bab Ezzouar, dans la capitale, illustre l'anarchie du circuit commercial dans le pays. Hier, lors de notre déplacement sur les lieux, ce qui d'emblée a attiré notre attention est une décharge publique d'ordures à 10 mètres du portail principal du marché. Une image du mépris total pour la santé du consommateur par les services concernés. Une odeur des plus pestilentielles se dégage à proximité du marché. Ces images contrastent également avec la volonté du gouvernement de mettre de l'ordre dans les marchés. Une loi a même été adoptée hier dans ce sens. Elle est censée instaurer une concurrence saine et lutter contre l'informel. Ce qui est loin d'être la règle à l'heure actuelle. En effet, il n'y a pas qu'au marché qu'on fait commerce. Tout se vend partout. S'agissant des produits proposés aux consommateur, ce n'est nullement la bonne affaire, à l'image des oeufs et du poisson qui se vendent en plein air, exposés à la chaleur et la poussière, bafouant ainsi toutes les normes d'hygiène, de conservation et de protection du consommateur. D'autres produits censés êtres entretenus dans des conditions aux normes sont aussi exposés à la canicule. Les fruits, le lait, les boissons gazeuses, les crèmes et les jus n'échappent pas à ce phénomène. Des femmes venues faire le marché n'accordent pas d'importance aux dangers que peut induire la consommation de ces produits. Alors que dire de la péremption de tel ou tel produit, qui relève de l'impossible, car généralement, aucune date n'est mentionnée. Certaines ménagères ne savent d'ailleurs même pas lire. La question est donc posée aux consommateurs rencontrés sur place. Ne sont-ils pas au courant des dangers qu'il y a à consommer des produits vendus dans de telles conditions? Voici leur réponse: «Ici, c'est moins cher qu'ailleurs.» «Je préfère acheter à 6 DA l'oeuf qu'à 9 ou 10 DA», nous dit une vieille femme soucieuse de garder le plus de pièces dans son porte-monnaie. La question du pouvoir d'achat est donc mise en évidence. Aucun consommateur n'échappe actuellement aux risques des maladies et d'intoxications alimentaires. Car en réalité, il existe des commerçants qui exposent dans leurs magasins des présentoirs frigorifiques mais qui ne fonctionnent pas, et qui sont là afin d'attirer une clientèle et garantir par la même, le commerce. Le poisson frais cédé le matin à 180 dinars le kilogramme est bradé à 100 DA à midi. Mais ce poisson peut-t-il être consommé? Sûrement pas. En l'absence totale de contrôle et d'un suivi régulier des produits alimentaires, ils peuvent être impropres à la consommation et d'engendrer des conséquences fâcheuses pour la santé. De ce fait, les pouvoirs publics sont censés surveiller les prix mais aussi veiller à la santé des consommateurs. Pour un observateur, il est facile de s'informer sur la réalité amère dans laquelle se trouvent les marchandises destinées à la consommation. La nouvelle loi relative aux pratiques commerciales votée hier par l'Assemblée populaire nationale prévoit de nouvelles mesures plus répressives contre les contrevenants aux règles de la pratique commerciale. Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, avait indiqué auparavant que des amendements sont aussi portés à la loi sur la concurrence. Ils visent «la stabilisation du marché par l'encadrement des marges de bénéfice, les prix des produits ainsi que l'éradication de toutes les formes de spéculation à l'origine de la flambée des prix injustifiée des produits et services».