Le rythme poussé du plan d'aide à la relance économique impose une austérité financière avec toute la détresse sociale qui va avec. A la lecture de la loi de finances 2003 dont nous avons obtenu une copie, il apparaît clairement que l'Etat n'a pas l'intention d'aller vers une quelconque concession sociale. Le plan d'aide à la relance économique, qui entre dans sa troisième phase selon le texte, impose plus que jamais le maintien en l'état, voire l'amélioration, de tous les indices macroéconomiques. Des précautions inouïes sont, de la sorte, prises afin de se prémunir contre toute «mauvaise surprise». S'il est déjà acquis que le pétrole ne tombera jamais au-dessous de la barre des 22 dollars comme l'indique la loi elle-même, il n'en est pas moins calculé à un prix de référence d'à peine 19 dollars. Cela au moment où l'unité de monnaie américaine équivaut, selon cette loi, à 80 dinars alors que la baisse de l'inflation et le retour en force de l'euro et du yen laissent présager une remontée du dinar par rapport au dollar. Ce n'est pas tout. Il est constaté une diminution progressive de la dette extérieure, passée de 22,6 milliards en 2001 à 20,5 milliards en 2002, et d'à peine 17,73 en 2005, ce qui réduit tout autant le service qui lui est lié et ce, au moment où les réserves de changes, décrétées dans la loi égales à 22,53 milliards de dollars, ce qui représente la bagatelle de 21 mois d'importations de biens et de services. En dépit de cette embellie, qui dure depuis fin 98, les pouvoirs publics ne veulent pas encore trop s'arrêter sur les questions sociales. Cela, explique la loi, tant que les facteurs en question ne seront pas inscrits dans la durée, et non plus tributaires en grande partie de la fiscalité pétrolière. En effet, hormis l'agriculture qui a enregistré un taux de croissance record de plus de 9 %, les autres secteurs, à commencer par l'industrie et les services, demeurent dans la zone rouge en dépit des sommes importantes qui leur ont été consacrées dans le cadre de l'application du plan présidentiel dit d'aide à la relance économique. L'inflation, maintenue depuis cinq années au-dessous des 5 %, devrait passer, durant le prochain exercice, à 4,2 %, un taux qui reste trop important au regard de l'érosion alarmante du pouvoir d'achat et de l'accroissement effarant du nombre de citoyens (plus de 10 millions selon le Cnes) vivant au-dessous du seuil de la pauvreté. Le gouvernement, dans sa loi de finances, ne prévoit pas de mesures directes en faveur des large pans de la société touchés par ces réformes économico-sociales visant le passage vers l'économie de marché. En revanche, si les prix des biens et services sont appelés à stagner avec la stabilisation, voire la réduction du taux d'inflation, il y a même des chances pour qu'ils soient revus à la baisse puisque des aides indirectes, entrant dans le cadre de l'aide à la relance économique, sont attendues pour la loi de finances 2003. Il s'agit de la réduction plus que significative de nombreuses taxes aussi bien internes que douanières avec même la suppression de certaines d'entre elles. Les travailleurs touchant de maigres salaires verront, eux aussi, les retenues revues à la base. Dans le même temps, les gens fortunés n'ont pas été oubliés dans cette loi. L'impôt sur la fortune, qui concernait des sommes supérieures ou égales à 800 millions de dinars, ne concernera plus que les fortunes de plus de 1200 millions de dinars. En somme, ce seront les riches qui profiteront le mieux et le plus de cette loi. Pour ce qui est des dépenses de l'Etat, elles ont été revues à la baisse par rapport à la loi de finances précédente, histoire de prouver à l'opinion que ce ne sont pas seulement les citoyens qui auront à se serrer le ceinture encore quelque temps en attendant des jours - ou des lois - meilleurs.