Le plus souvent c'est l'économique qui détermine le politique. Cet axiome, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, semble l'avoir fait sien. A la lecture du remaniement ministériel effectué par le chef de l'Etat, il apparaît clairement que le quatrième gouvernement sous Ahmed Ouyahia a une forte connotation économique notamment avec le retour de Abdelhamid Temmar qui retrouve son poste de ministre des Participations et de la Promotion des investissements et de Mourad Medelci chargé de gérer le portefeuille des Finances. Le premier poste précité revient donc sous le contrôle direct du chef de l'Etat. En fait, il convient de souligner que Abdelhamid Temmar, Mourad Medelci, Mohamed Maghlaoui, Amar Tou et Karim Djoudi sont tous titulaires de diplômes supérieurs en économie et finances. Il est clair que c'est dans le domaine économique que l'action gouvernementale a enregistré un retard. De ce fait, c'est la nouvelle politique économique du pays qui se dessine à travers ce remaniement ministériel. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'est pas sans ignorer que le plus souvent c'est l'économique qui détermine le politique. Le remaniement partiel a de ce fait concerné beaucoup plus les départements économiques, des portefeuilles ministériels dont l'importance est à la mesure des projets de réformes qu'il s'agit de mener à bon port. Il y va en conséquence de celui portant sur les banques et les finances de l'Etat, de l'accession de l'Algérie à l'OMC ainsi que de celui ayant trait à la privatisation des entreprises économiques publiques. Ce remaniement se veut selon les analystes une réponse aux critiques émises sur le rythme des réformes économiques jugées «lentes» au point où certains investisseurs hésitent à s'engager en Algérie. «En ce qui concerne les réformes économiques, il n'y a pas de changement majeur. Il s'agit plutôt de l'arrivée en fonction de personnes qui voient du même oeil ce que Bouteflika veut», estiment certains analystes. Ce remaniement n'est qu'un simple catalyseur à ce qui reste des réformes structurelles à l'instar de la réforme hospitalière. Ainsi, le retour de Temmar est un autre indice sur les projets de Bouteflika de faire bouger les choses tant sur le dossier de la privatisation que sur le dossier des investissements que l'Etat est en train de pallier à travers son plan de relance économique doté d'une enveloppe de 55 milliards de dollars. La tâche incombe à Mourad Medelci de trouver une nouvelle méthodologie de gestion des secteurs névralgiques tout en accélérant les réformes bancaires, tout en respectant la rationalisation de la dépense budgétaire de l'Etat. L'autre changement intervenu est la prise en charge du ministère du Commerce par Hachemi Djaâboub en remplacement de Nouredine Boukrouh dont les résultats mitigés dans le cadre des négociations avec l'OMC ont accéléré le départ. Il est reproché à ce dernier son manque de réussite traduit par l'inefficacité de l'ex-détenteur du portefeuille du Commerce de clôturer le dossier des négociations avec l'OMC. Néanmoins et devant les résultats satisfaisants enregistrés, le secteur de l'énergie et des mines dont les recettes pétrolières ont atteint au premier trimestre de l'année les 10 milliards de dollars n'a pas changé de mains. Chakib Khelil est maintenu à son poste avec l'obligation de mener avec succès la nouvelle réforme du secteur des hydrocarbures sur qui repose le budget de l'Etat au cours du prochain quinquennat. Pour le restant des postes, pas de changements en vue. C'est ainsi que sont maintenus Karim Djoudi et Mohamed Maghlaoui à leurs postes respectifs de la réforme financière et des transports. La même confiance est renouvelée à Abdelmalek Sellal, Amar Ghoul et Saïd Barkat dans leurs fonctions de ministres des Ressources en eau, des Travaux publics et de l'Agriculture. Comme il a été procédé au maintien de Nadir Hamimid à la tête du ministère de l'Habitat auquel est vouée la mission de réaliser un million de logements. Des secteurs dont dépend la réussite du plan de relance économique. A la lumière de ce miniremaniement, le gouvernement Ouyahia devrait disposer d'une grande marge de manoeuvre pour répondre aux aspirations du citoyen déjà trop affaibli par un pouvoir d'achat en perpétuelle dégradation. En outre il s'agit de donner à l'économie nationale tous les moyens pour relever la tête d'une part et relever les défis imposés par les mutations générées par la mondialisation d'autre part. Gageons seulement que ces transformations seront en mesure de provoquer les changements attendus par une économie basée sur les seules recettes pétrolières pour réaliser le fameux pacte social.