Les prix du lait en poudre ont augmenté de 10% sur le marché national. Les producteurs de lait en sachet s'apprêtent à abandonner l'activité. La décision est prise à la suite de la dernière hausse, 60%, du prix de la poudre de lait sur le marché international. Si aucune solution n'est proposée par l'Etat, plusieurs producteurs nationaux seront amenés à mettre la clé sous le paillasson. Ainsi, c'est toute la filière lait qui est menacée de disparition en Algérie, s'inquiète M.Ziani, président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, filière lait de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa). Ce dernier tire la sonnette d'alarme. «Cette filière souffre aujourd'hui des prix dépassés administrés par l'Etat», rétorque M.Ziani, joint, hier, par téléphone. Si certains producteurs menacent de mettre fin à leur activité, d'autres ont carrément mis la clé sous le paillasson, déclare-t-il alarmiste. La situation est des plus inquiétantes d'autant plus qu'elle touche à un produit de forte consommation, chose qui se répercute négativement et directement sur le consommateur. Sur le marché mondial, la tension sur la poudre de lait persiste et s'installe durablement. L'offre diminue à cause de la sécheresse en Océanie, la surconsommation en Chine et l'arrêt des exportations à partir de l'Inde, explique la Cipa. Ce sont ces facteurs qui justifient l'inquiétude qui s'est emparée des opérateurs économiques de la Fédération. Une augmentation similaire des prix du lait en sachet est devenue, selon M.Ziani, inévitable. «Il n'est plus possible de maintenir le prix du sachet de lait à 25DA, car à ce prix, la marge bénéficiaire des producteurs, déjà faible, devient quasiment nulle», réplique-t-il. «Les stocks nationaux et internationaux en usine se réduisent et la rupture se précise», prévient la Fédération. Cette dernière, qui compte une soixantaine d'opérateurs spécialisés dans la production de lait, revendique fortement une libération des prix du lait en sachet pour permettre aux producteurs de continuer à exercer. Pour elle, c'est la seule solution au règlement du problème. «Je pense que même si on libère les prix, ils ne risquent pas de dépasser le seuil de 30DA le sachet», souligne notre interlocuteur. Autrement, cette situation se répercutera également sur la qualité du produit. C'est ce qui est d'ailleurs constaté par les consommateurs qui disent que le lait en sachet commercialisé actuellement ne présente pas tous les aspects nutritionnels. Les producteurs seront obligés de recourir à l'importation d'une poudre de lait de moindre qualité. Pour M.Ziani, il est impératif d'arrêter une stratégie pour apporter des solutions dans le cadre d'une concertation. Les producteurs souhaitent ainsi se réunir dans les plus brefs délais avec les pouvoirs publics «car il y a péril en la demeure». Face à ces craintes et inquiétudes, le ministère du Commerce tient à rassurer la population. «Les prix du lait en sachet sont réglementés à 25DA au niveau de la vente au détail et il n'est pas question qu'ils soient augmentés», nous affirme avec fermeté une source du ministère du Commerce. Se voulant encore plus rassurant, elle ajoute qu'aucune décision n'est prise ou envisagée dans ce sens, s'appuyant sur le fait que l'Etat continuera à soutenir le prix du lait. «Les prix n'ont pas bougé», déclare clairement notre source, excluant toute décision favorable pour une révision à la hausse des prix. «Le coût du lait en sachet fixé par l'Etat demeure inchangé», insiste-t-elle encore. Parallèlement, les prix du lait en poudre ont augmenté de 10% sur le marché national, nous a déclaré la même source. Une virée dans certaines épiceries de la capitale confirme ce constat. Certaines marques sont même en manque. En outre, les épiciers qui n'ont pas encore procédé à l'augmentation promettent de le faire ces jours-ci. «Les boîtes qui sont vendues aujourd'hui à 180DA passeront à 220DA et celles vendues à 150DA passeront à 180DA», annoncent les commerçants. Il faut rappeler que certains producteurs ont déjà opté pour la hausse de certains produits à l'exemple de Tchin Lait/Candia. A travers un placard publicitaire, ce producteur explique que «la flambée des cours de la poudre a engendré, d'ores et déjà, un coût de revient plus élevé à la transformation du lait et se répercutera, inévitablement, sur les prix à la consommation». Pour notre source, cette hausse était prévisible. «Je pense que c'est une répercussion logique de la fluctuation des prix de la poudre de lait sur le marché mondial. Le lait importé subit les variations des prix de l'augmentation à l'échelle internationale», explique notre source. A la question de savoir si le département de El Hachemi Djaâboub peut intervenir pour réguler ces prix, notre source répond que «c'est la concurrence qui fixe ces derniers parce que ce sont des produits soumis à une concurrence libre». Interrogée sur les prix des autres produits tels le sucre, l'huile, le café, elle indiquera qu'il y a eu une certaine stabilité pour l'ensemble de ces produits, y compris en matière d'approvisionnement.