Des restaurateurs qui réalisaient une recette de 10 millions de centimes/jour sont au chômage alors que d'autres ont carrément changé d'activité. Le bien-être des uns s'arrête là où commence le malheur des autres. Alors que les Algérois patientent encore pour voir le tramway sur les rails, certains n'ont que leurs yeux pour pleurer. En attendant ses bienfaits, le tramway d'Alger cause des dégâts énormes. Rôtisseries, magasins, kiosques ou simples boutiques ont dû mettre la clé sous le paillasson à cause des travaux induits par ce projet. Le quartier de Cinq Maisons, a changé de look. Les odeurs de viandes grillées qui dilataient les narines et qui faisaient saliver et lécher les babines, ont cédé la place à des tas de déchets, gravats et de poussières provoquant des désagréments aux riverains et aux passagers. Le décor des poulets rôtis, dorés dans les rôtissoires, les brochettes et les steaks grillant sur la braise des barbecues, sont remplacés par d'imposants blocs en béton, d'interminables fils de fer et autres engins de travaux publics. Cet endroit, jadis très attractif et habituellement très fréquenté par les familles algéroises qui s'y rendaient pour partager un déjeuner ou un dîner convivial, se trouve, désormais, complètement déserté. Les 24 rôtisseries qui jalonnaient la rue principale ont baissé rideau. On n'y aperçoit plus que les travailleurs chargés de la réalisation de ce projet et les longs barreaux qui quadrillent les trottoirs. La situation empire. Les travaux sont toujours là, les dégâts aussi. Les pertes provoquées sont énormes. De nombreux commerçants, qui ont loué des locaux pour des sommes colossales, ont fini par voir leurs investissements partir en fumée. C'est le cas de Messaoud, 41 ans, qui a loué un local pour une durée de trois ans vers la fin de 2007. Il se trouve, aujourd'hui, sans job, après avoir perdu des centaines de millions. «J'ai loué un local pour une somme de 360 millions pour une durée de trois ans. J'ai travaillé à peine une année et puis j'ai été obligé de baisser rideau, puisque les clients ont déserté l'endroit», a-t-il dit. Les pertes de ce restaurateur sont considérables. «Les recettes que j'ai faites durant une année d'exercice n'ont même pas suffi à couvrir les dépenses et autres charges tels, notamment, les impôts et les salaires des travailleurs.» Le malheur de Messaoud ne s'arrête pas là, puisque le propriétaire refuse de lui rembourser les deux années restantes du contrat. «Quand j'ai décidé de renoncer à mon métier, je suis allé voir le propriétaire dans l'espoir de minimiser mes pertes. Malheureusement, celui-ci a été clair en me disant: la décision de continuer ou d'arrêter vous revient. Je ne suis pas prêt à partager vos pertes ni à vous rembourser...», s'est-il rappelé avec un pincement au coeur. Pas de solution. Messaoud est face à un véritable dilemme. Deux alternatives aux conséquences néfastes se présentent pour ce commerçant. «J'étais obligé soit de continuer d'investir à perte soit arrêter tout en sachant que je suis dans la faillite jusqu'au cou». Difficile! Très difficile même, pour ne pas dire impossible, de toucher le département de Amar Tou. Voulant obtenir l'avis des responsables concernant le sujet traité, nous avons contacté l'Entreprise du métro d'Alger (EMA). Une douce voix féminine s'est excusée, en nous orientant vers le ministère des Transports. «On nous a interdit de parler à la presse. Il faut avoir une autorisation du ministère», a-t-elle indiqué. La «gentille» femme sait qu'elle nous demande l'impossible! Toutes nos tentatives de prendre attache avec les services concernés au niveau du département de Amar Tou, ont été vaines. «La majorité des responsables sont en congé, les autres ne sont pas encore là, veuillez nous rappeler l'après-midi ou demain, c'est l'heure du déjeuner...» Voici les quelques réponses qu'on nous a donné au département de Amar Tou. A cela, s'ajoutent les nombreuses tentatives où le téléphone sonnait dans le vide...Communication, dites-vous!