Les entreprises en charge de la réalisation des projets, ont démarré les travaux sans ordre de service, ni marché approuvé, avec des délais imposés et des prix administrés. Le secteur des travaux publics et du bâtiment est dans tous ses états en raison du comportement de l'administration qui fait des siennes. C'est autour de cette question d'ordre relationnel que les opérateurs intervenant dans le secteur du bâtiment et des travaux publics se sont retrouvés récemment. Sous la houlette de la Fédération du Btph, les opérateurs se sont entendus pour remettre leurs revendications au chef de l'exécutif. Insatisfait de la réalité de la situation qui règne dans ce secteur, les opérateurs chargés de la réalisation des plus importants projets de la wilaya, notamment ceux du secteur universitaire, s'estiment aujourd'hui être les otages de la machine bureaucratique foncièrement hostile face au caractère urgent des projets devant recevoir les nouveaux bacheliers. Selon le patron de la Fédération du Btph de Béjaïa «l'administration n'a pas manqué d'abuser de notre confiance et de notre volonté à honorer tous nos engagements à des prix coûteux». En effet, les entreprises en charge de la réalisation des projets, ont démarré les travaux sans ODS (ordre de service), ni marché approuvé, avec des délais imposés et des prix administrés. Ces pratiques «obsolètes et antiréglementaires», sont devenues légales et inévitables avec la bénédiction de certaines entreprises, estime Kamel Louiba. Aujourd'hui, ces projets sont réceptionnés mais, à la surprise générale, l'administration se transforme en justicier à l'opposé du rôle de partenaire fidèle qui est le sien, ajoute-t- il. Un autre fardeau intervenant comme un châtiment réglementaire leur tombe sur la tête. Nonobstant les différentes contraintes rencontrées et la non-compensation des concessions déjà faites, les entrepreneurs sont présentement menacés de sanctions graves. Il s'agit, notamment de l'application de pénalités de retard abusives, un retard prémédité dans l'approbation des avenants pour des quantités supplémentaires causées par des études non approuvées par les bureaux d'études et des substitutions d'articles (travaux complémentaires) imposés en cours de réalisation. «On a même vu des avenants rejetés au motif qu'ils devaient être signés par l'ancien Dlep muté depuis plus de six mois déjà», souligne le président de la Fédération Btph, qualifiant la direction du logement «de train sans locomotive». «Quel sort est donc réservé à ces entreprises?», s'interroge-t-il. Devant ce mépris et cette indifférence, «nous ne pouvons gérer le développement économique de notre région et par voie de conséquence mener au bout le programme aussi important que celui du présent quinquennat. Il en est de même des capacités des entreprises à s'inscrire dans un cadre réel de PME», indique notre interlocuteur qui avertit du risque de départ massif du reste des entreprises vers d'autres régions plus clémentes, et où la flexibilité et la souplesse règnent en maître. A l'endroit de parlementaires, qui ont eu à s'exprimer sur la crise du ciment, le président de la Fédération du Btph rétorque «les problèmes réels de notre wilaya ne se situent pas au niveau de la pénurie du ciment mais ailleurs, notamment sur le plan de l'emploi, du logement, de la corruption, l'état des routes etc.» C'est à ces niveaux que les députés sont attendus, ajoute-t-il. Le ministre concerné est conséquemment interpellé pour instaurer une politique à même d'éliminer ces entraves pour permettre une meilleure gestion de ces projets, ce qui ne peut se faire que par une réhabilitation de l'outil de réalisation, à savoir l'entreprise.