Les dépenses s'intensifient et tombent en cascade prolongeant le calvaire des pères de famille. C'est la saignée. Le portefeuille souffre d'une hémorragie. Les fêtes, les cadeaux, les vacances, le Ramadhan, la rentrée scolaire, les dépenses s'intensifient et tombent en cascade. «C'est la ruine», avoue une femme à peine la cinquantaine. Croisée dans un magasin, cette dame était en quête d'un cadeau à offrir à un prix raisonnable, soit 1000DA. «J'ai déboursé une fortune depuis le début de l'été», raconte-t-elle au commerçant. Irritée par le casse-tête des cadeaux inéluctables, cette dame plaint les familles qui programment des fêtes. «Rien que pour les cadeaux, j'ai dépensé toute ma paie au point de recourir à mes économies», avoue-t-elle sans omettre les dépenses pour la coiffeuse et les toilettes. Ce sujet a attiré l'attention des clients présents dans le magasin. «Effectivement, on est déplumée avec ces mariages», intervient un jeune couple. Venu pour le même motif, il s'est immédiatement invité à la discussion. «C'est devenu un vrai casse-tête ces mariages», affirme le mari qui reconnaît que leurs charges grèvent lourdement le budget familial. D'ailleurs, le cadeau le moins cher coûte 800 dinars. «On aimerait bien faire plaisir, mais cela vide le portefeuille», soutient son épouse. Et de renchérir: «Il n'y a pas une semaine qui passe sans qu'il n' y ait deux où trois fêtes à la fois». Salariés, ces deux cadres ont du mal à supporter la charge de ce type des dépenses. Entre les mariages, les loisirs de la plage et les caprices des enfants, ce couple a mis sa bourse à rude épreuve. «Si ça continue ainsi nous aurons du mal à joindre les deux bouts», lâche la femme en quittant la caisse. «Des commentaires de ce genre j'en entends quotidiennement des dizaines», murmure le commerçant. Selon lui, les clients demandent toujours un joli cadeau à un prix raisonnable. «Les gens sont tellement ruinés par ces dépenses, qu'ils recourent au crédit», affirme-t-il en confiant toutefois qu'il a établi toute une liste de clients concernés par des achats à crédit pour des articles dépassant les 3000 dinars. Le commerçant explique que c'est la seule période où son chiffre d'affaires augmente. «Le malheur des uns fait le bonheur des autres» comme le dit si bien l'adage. Avec ces dépenses, même les bourses solides se plaignent de la charge sans pour autant parler des petits salariés. «Un beau cadeau coûte dans les 5000 dinars et plus», affirme Djamel, cadre dans une société étrangère. Quand c'est la famille on ne peut y échapper, souligne-t-il. «Lorsqu'il s'agit d'un mariage des frangins on est obligé de participer», justifie-t-il. Même avec un bon salaire, cette conjoncture ne laisse personne indifférent. Avec les charges domestiques (électricité, eau, téléphone) et les courses quotidiennes, les fêtes de mariage fragilisent les foyers. Les pères de famille ne savent plus à quel saint se vouer. Le pire est que la conjoncture va durer et prolonger le calvaire des pères de famille. En outre, le Ramadhan et la rentrée scolaire sont synonymes de dépenses. «On a beau serrer la ceinture, c'est impossible de faire des économies», affirme Hocine, un superviseur dans un centre de formation professionnelle. Père de trois enfants, ce fonctionnaire multiplie ses calculs pour pouvoir s'en sortir. «La rentrée sociale s'annonce terrible», estime-t-il. Même les augmentations attendues ne serviront pas à grand-chose. Les indemnités prévues dans le cadre des statuts particuliers ne seront que des miettes face aux dépenses prévues. Précarisés par l'attente et dépouillés par les dépenses, les travailleurs sont livrés à eux-mêmes. Ces derniers doivent attendre la réunion de la tripartite pour pouvoir toucher quelques sous vaillants...