Nombre de citoyens estiment que les familles doivent disposer d'un salaire variant entre 50.000 DA et 100.000 DA pour faire face aux dépenses quotidiennes. L'Aïd de cette année est exceptionnel en ce sens qu'il fait suite à une série d'événements qui auront mis le portefeuille des ménages à rude épreuve. Il coïncide en effet, avec la rentrée scolaire. Mais aussi avec la fin des vacances d'été qui sont synonymes pour nombre de familles, d'importantes dépenses. Notamment les nombreux frais induits par les fêtes de mariage! Ahmed, salarié à Sonelgaz, est père de quatre enfants, tous en âge scolaire ou entamant une formation. Il reconnaît que c'est son épouse qui détient la clé des finances. Néanmoins, il explique que dépenser avec parcimonie n'est pas l'unique secret pour réussir la planification d'un budget serré. Il s'agit pour cette difficile mission de prendre ses dispositions des mois à l'avance. Arguant que tous les membres de sa famille sont généralement mobilisés, avec un rôle pour chacun. L'un de ses fils a dû, par exemple, se débrouiller un job d'été en tant que maître nageur, ce qui a grandement aidé à renflouer la manne familiale pendant le mois sacré, voire dégager quelques économies pour l'Aïd. Par ailleurs, notre interlocuteur ajoute que le système de l'argent de poche est de rigueur et habitue les enfants à gérer leur propre argent. Il estime enfin que c'est le mois de Ramadhan, plus que l'actuel Aïd, qui aura le plus englouti de dinars. Il poursuit: «Les denrées alimentaires sont de loin plus coûteuses que les vêtements. Aujourd'hui, au regard de notre marché, nous pouvons plus facilement nous vêtir que nous nourrir!» Paraissant moins accablé par le poids du quotidien, H.H. est un ex-cadre dans une grande entreprise nationale. Il offre maintenant ses services à une société privée. Interrogé sur la manière dont il a passé l'été, il dit faire partie «des Algériens moyens qui n'ont pas droit à des vacances». A l'en croire, pour désamorcer le cocktail détonnant des dépenses cumulées, tout père de famille est contraint d'emprunter de l'argent chez des proches. C'est-à-dire de s'endetter le temps d'une fête. Quelques retraités agglutinés autour d'une table de dominos, font également part de leur angoisse face aux dépenses. Nombre d'entre eux disent s'en sortir miraculeusement cette fois, grâce à des «rappels» providentiels. Ces derniers pouvant varier entre 6000 DA et 50.000 DA. De quoi soulager leur hantise et leur donner droit au chapitre dans les dépenses familiales. Pour de nombreux citoyens, le mois de Ramadhan aura été le plus «fatal» au porte-monnaie, semble-t-il. Les ménages algériens devraient disposer d'un salaire variant entre 50.000 et 100.000 DA pour faire face convenablement aux dépenses quotidiennes. Un peu plus que le Snmg requis par Louisa Hanoune tout de même! Aussi, l'euphorie de la fête est-elle indubitablement minée par un pouvoir d'achat particulièrement laminé. Néanmoins, de nombreux Algériens s'avèrent être ingénieux, c'est connu. Ils font face, tant bien que mal, à cette énième occasion de dépenses. Généralement, et contrairement aux idées reçues, l'art difficile de gérer le menu pécule du foyer est délégué à la mère de famille.