A Tichy et Aokas, les hôtels n'affichent presque jamais complet. Juillet tire à sa fin. Jadis, en pareille période, les chambres libres dans les hôtels de la côte Est de Béjaïa sont rares. Les juilletistes s'y prennent à l'avance pour décrocher un séjour dans les établissements hôteliers de Tichy, Aokas, pour ne citer que ces deux stations balnéaires fortement prisées par les estivants. Cette année, c'est la dèche. En dehors des week-ends, les hôtels de la côte affichent rarement complet. Il aura fallu attendre le 15 juillet pour voir l'activité hôtelière et ses annexes pleine et entière. Coincée entre un mois de Ramadhan qui arrive à grands pas et une Coupe du Monde, qui a contraint les vacanciers à retarder leur arrivée, la saison estivale n'a pas été à la hauteur des attentes des opérateurs économiques intervenant dans le secteur du tourisme. «La saison se rétrécie comme une peau de chagrin», estiment les opérations et Ami Ahmed, patron du Complexe touristique du Sahel. Si le constat est peu reluisant, cela n'empêche pas les professionnels de l'hôtellerie d'investir dans, notamment la remise en l'état de leurs structures. Aussi a-t-on constaté des chambres embellies, des menus améliorés et des prestations de services de qualité. La nécessite de réagir est omniprésente. «Il faut être inventif», estime-t-on à l'unanimité. Les hôteliers sont aujourd'hui dans une situation qui les oblige non seulement à être solidaires mais aussi à proposer des formules attractives. Certains réfléchissent déjà à la question. Pour l'heure, il s'agit d'initiatives isolées mais qui peuvent être en mesure de redresser la barre. Samedi dernier, la côte Est de Béjaïa a vécu un week-end pluvieux avec une mer agitée. Les stations de bus étaient envahies par les estivants. On rentre chez soi. Au Complexe touristique du Sahel c'est le flux. Le parking de l'hôtel confirme une occupation conséquente. A la réception, on nous indique que des familles repartent aujourd'hui. Une fin de séjour normale avec pour certaines, un départ précipité dû au mauvais temps. Dans le hall de la réception, d'autres clients attendent d'occuper les chambres rendues libres. Les familles rentrent chez elles quelques jours avant le début du mois de Ramadhan. L'expérience de l'an passé est toujours en tête. Les premiers vacanciers ont donc commencé à affluer à partir du 10 juillet, raconte le patron du Sahel. Aux résultats du Bac, qui ont de tout temps été un facteur retardant le départ en vacances, s'est ajoutée la Coupe du Monde ajournant le flux des vacanciers. Le Ramdhan commencera dix jours plus tôt que l'année dernière. Ce qui donne une saison hôtelière de 30 jours tout au plus. L'année prochaine elle ne durera que 20 jours. Ce constat n'est pas sans inciter les opérateurs à la recherche des voies et moyens de promouvoir leurs établissements. C'est pourquoi, on s'apprête à proposer une nouvelle prestation aux clients, aux formules tarifaires plus au moins intéressantes. «Nous allons organiser des excursions au profit de notre clientèle en partenariat avec les transporteurs», indique Aâmi Ahmed. Face à la situation, les hôteliers font appel à leur génie pour mieux rentabiliser les séjours qui se font de plus en plus courts et rares. Le cumul du manque à gagner se fait sentir chez tous les opérateurs. «Nous avons des réservations jusqu'au 8 août», nous apprend un réceptionniste aux Hammadites, un complexe touristique étatique. Alors que certains pensent aux formules qui pourraient intéresser les vacanciers pendant le Ramadhan, d'autres envisagent d'accorder des congés à leurs employés, ou carrément fermer. C'est le cas du Syphax. «La saison vient à peine de commencer qu'elle est déjà finie», commente Nadir Arroudj, directeur de cet hôtel. Notre interlocuteur ne s'est pas empêché de se remémorer la saison précédente lorsque «les clients avaient fait leurs valises dix jours avant le Ramadhan». «En tant qu'opérateurs, nous avons fait de notre mieux pour être à la hauteur des attentes de notre clientèle. Un client qui choisit de venir séjourner chez nous est reçu dans les règles hôtelières internationales. Les insuffisances ne relèvent pas de notre responsabilité», affirment les professionnels du tourisme à Béjaïa. Le tourisme est une activité qui implique beaucoup de parties. Il faut que tout un chacun assume ses responsabilités, soutient-on unanimement. Cette réflexion partagée par tous les opérateurs dénonce clairement l'absence d'une politique touristique dans notre pays. Il ne suffit pas d'avoir de beaux hôtels pour agréer un touriste. Ce dernier ne vient pas seulement pour rester dans les établissements hôteliers. Il se rend en ville. Il visite des lieux. Et lorsqu'il fait face à des situations incommodantes, quel que soit le confort dont il dispose sur son lieu d'hébergement, ses vacances seront incomplètes. Certains vacanciers ne le cachent pas. «J'ai voulu me rendre à Béjaïa, j'ai passé trop de temps sur la route, du coup, je n'ai pas profité de la plage», déplore ce touriste venu de Guelma. Il faisait allusion aux nombreux bouchons nés des sempiternels travaux routiers. Une insuffisance parmi tant d'autres qui rendent Béjaïa peu attractive