Une enquête réalisée par l'Office national des statistiques en 2009, précise que 77,1% des sondés ont reconnu qu'ils n'étaient pas couverts par le régime de la sécurité sociale. Au quatrième trimestre de l'année écoulée, plus de la moitié de la population en activité était dépourvue de couverture sociale. Soit 50,4% de l'ensemble des travailleurs qui n'étaient pas déclarés à la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas). «Sur les 9.472.000 occupés, enregistrés au 4e trimestre de l'année dernière (2009), 4778.000 personnes ne sont pas affiliées au régime de la sécurité sociale, soit un occupé sur deux», révèlent les enquêteurs de l'ONS qui ont travaillé sur un échantillon de 15.104 ménages pour parvenir à un tel constat. Les statistiques de l'Office national jettent un gros pavé dans la mare. Sur le plan humain, elles font apparaître que près de cinq millions d'Algériens sont en situation de précarité car ne pouvant ni se faire rembourser leurs frais médicaux et encore moins de pouvoir bénéficier d'une retraite décente puisque les entreprises qui les emploient ne s'acquittent pas de leurs frais de cotisations. Ce qui a une conséquence directe sur l'état des finances de la Caisse nationale des assurances sociales comme elle met indiscutablement en danger et compromet l'existence même du système de régime des retraites. En ce qui concerne les chiffres, ceux rendus publics par l'Office national des statistiques risquent de remettre sur le tapis et au goût du jour l'éternelle polémique qui les entoure. En effet, dès l'année 2006 le ministre du Travail et de la Protection sociale avait estimé que la lutte contre le travail au noir commençait à porter ses fruits et s'affichait plutôt à la baisse. Le nombre de travailleurs non déclarés selon les déclarations de Tayeb Louh, représentait moins de 30% de la population active, 29% très exactement. Des chiffres qui étaient en adéquation avec le rapport de l'inspection du travail effectué cette année-là. Ils confirmaient le recul du travail au noir par rapport aux trois précédentes années. Dés la fin du premier trimestre 2007, une autre enquête de l'Office national des statistiques allait révéler que la courbe était loin d'être inversée. Les chiffres montrent une progression de plus de 4%, pour l'année 2006, du taux de travail au noir qui, du coup, a dépassé la barre des 53%. Les toutes récentes statistiques de l'ONS, si elles indiquent que le nombre de travailleurs non déclarés a sensiblement baissé, il est passé de 53% en 2007, à plus de 50% en 2009 et demeure incontestablement trop important. L'enquête montre que le phénomène touche en priorité le monde rural dont la proportion a atteint les 60% tandis qu'en zones urbaines les travailleurs non affiliés à la caisse de sécurité sociale représentent 46,% de la population activant au noir. Il est de 89% dans le secteur de l'agriculture et de 79,8% dans celui du bâtiment et des travaux publics. Des chiffres qui fragilisent la situation financière de la Cnas et annoncent la paupérisation d'une majorité de travailleurs qui n'auront pas assez cotisé pour prétendre à une pension de retraite décente si le phénomène du travail au noir n'est pas réduit à sa plus simple expression.