Le public a quitté les strapontins du Théâtre de verdure dès que Houari Benchennet a entamé sa liturgie, les Oranais déçus, attendaient le raï. «La capitale de l'Ouest ne mérite pas le triste sort qu'on lui a réservé.» Ce sont les premières appréciations des Oranais déçus par la défection de la soirée qui a ponctué le coup d'envoi de la 3e édition du Festival de la chanson oranaise. En effet, le premier gala n'a pas tenu toutes ses promesses malgré les serments des responsables de la rencontre qui se sont engagés à faire un coup réussi. La chanson oranaise, au verbe pudique et propre, ne semble plus amadouer les Oranais. Familles et jeunes sont convaincus que le raï est leur musique indétrônable tandis que la place de la chanson oranaise est au musée. Pour preuve, des centaines de familles ont tourné le dos à Houari Benchennet dès que ce dernier a entamé sa longue liturgie. «Le style de Benchennet est trop somnolant», ont expliqué plusieurs spectateurs. Pour leur part, plusieurs organisateurs ont sombré dans des questionnements stressants en s'interrogeant sur telle ou telle autre sentence portée contre l'auteur de Mersem Ouahran, qui a, dans le passé, été très chouchouté par tous les Algériens et les amoureux de la chanson oranaise. Les appréciations ont été diverses tandis que le consensus a été commun, la musique raï a été mystifiée, exceptionnellement par les pouvoirs publics tandis que les masses populaires, dont les jeunes, ont affiché clairement leur choix, la musique rai malgré son verbe quelque peu grossier. En effet, l'aveu est venu lors que Chab Kadirou est monté sur le podium. Ce jeune raiman, a pu agiter le public qui réclamait son habituelle dose. Cette dose n'a pas trop duré étant donné que l'espace de temps qui a été accordé à Kadirou, n'était pas suffisant pour relever cette suprématie du raï sur la chanson oranaise. El Khaldi, venu de la capitale du Dahra, a lui aussi, osé, tant bien que mal, de prouver son talent sous les coups des «tabrihas». En vain, le public est resté inerte en attente d'une quelconque surprise pouvant assouvir sa soif. Seule la chanteuse Houria Baba a eu droit à un traitement exceptionnel. Cette dernière a été longuement applaudie lorsqu'elle a rendu un vibrant hommage à la défunte Sabah Saghira en interprétant Nebghikoum ya oulad Bladi (je vous aime enfants de mon pays) de la défunte Sabah. Le coup d'envoi officiel a été donné sous les airs folkloriques allaoui tandis que l'ingrédient qui a accompagné la soirée était quelque peu comique. Un artiste imitateur, inconnu au bataillon, était de la partie se faisant loufoque en imitant Lotfi Double Canon, chab Bilal, Stevie Wonder, chaba Zahouania. La soirée du coup d'envoi a révélé les tares qui continuent à terrasser la culture algérienne. Le ministère de la Culture et la direction ainsi que le commissariat du festival concerné ont mis tout leurs poids pour franchir le premier cap tandis que la sentence des assistants a été sans appel. A quand le changement? Pourquoi le raï a t-il été diabolisé dans son fief à telle enseigne que le festival, enfant légitime d'Oran, soit expatrié vers la wilaya de Sidi Bel Abbès? M.Lerdjane, directeur des festivités auprès du ministère de la Culture a apporté plusieurs réponses aux questions restées posées. Selon le représentant de Khalida Toumi, «les Oranais n'ont pas été privés de leur festival». Et ce dernier d'ajouter, tout pour apaiser les esprits «il ne faut pas polémiquer, la ville d'Oran aura bientôt un festival de stature internationale». Le directeur central des festivités culturelles est plus que convaincu que les temps à venir sont prometteur vu que le département de la culture est en plein exercice de rééquilibrage des activités culturelles en Algérie. «Une dizaine de festivités seront instaurées, toutes les grandes villes seront dotées de grands festivals qui sont actuellement à l'étude», a-t-il annoncé.