Blaoui El Houari est ce chanteur-compositeur indétrônable qui a eu droit à plusieurs hommages à travers ses oeuvres qui ont été interprétées et reprises sur la scène du Théâtre de verdure. Les soirées de la 3e édition du Festival de la chanson oranaise se poursuivent tant bien que mal. La deuxième nuit d'El Bahia a été marquée par la nostalgie des chanteurs qui ont interprété d'anciens succès faisant les louanges des saints et des symboles de la ville d'Oran. Tous les chanteurs qui se sont succédé sur la scène du Théâtre de verdure d'Oran n'ont pas dérogé à la règle. L'élève d'Ahmed Wahby, Samia Bennabi, qui a ouvert le bal, est revenue très loin dans le passé en déterrant son ancien succès intitulé Wahran Nebghik, (Oran, je t'aime). Malgré son ancienneté, la chanson continue à connaître un fou succès parmi les fans du verbe cru. L'hyper-médiatisation de l'oeuvre, par la radio locale, vu qu'elle constitue le générique principal de cette dernière, lui a valu autant de célébrité et de réussite. Tout en rendant de vibrants hommages aux symboles de sa ville, la chanteuse se veut revendicatrice d'un droit qui a disparu: replacer El Bahia dans sa vraie vocation d'une cité aux agréables veillées et à la belle vie. Les mélopées de Samia Bennabi ne se sont pas arrêtées là où plusieurs de ses collègues se sont libérés d'un passé figé. Winkoum ya oulad Bladi, (où êtes-vous enfants de ma ville), est, pour ainsi dire, un cri de détresse des plus stridents et un appel solennel de l'artiste pour que hommes et femmes renvoient leurs liens sociaux et retrouvent leurs repères moraux ancestraux qui ont marqué la vie quotidienne des habitants d'El Bahia. Le verbe utilisé par la blonde d'Oran, laisse le visiteur déduire que les habitants d'El Bahia pratiquent l'entraide, l'hospitalité, le sens du vivre-ensemble et tant d'autres valeurs sociales comme seul et unique credo. Le retour aux origines est une vertu tandis que se ressourcer dans le patrimoine ancestral constitue, chez les jeunes débutants, la voie qui mène droit à la gloire. Le jeune Messabih, qui s'est entièrement investi dans le style du défunt Ahmed Wahby, est cette force montante qui cherche à dépasser son maître ou tout au moins convaincre ses formateurs. En effet, le jeune artiste montant a laissé pantois tous les présents lorsqu'il a interprété, sans aucune fausse note, la très difficile chanson Asbar ya galbi de Wahby tout en imitant la voix, les gestes et l'emplacement sur la scène. Lui emboîtant le pas, Farès Amar, lui, est de ceux qui se référent aux héritages patrimoniaux pour se revigorer et se lancer tandis que l'héritage laissé par Ahmed Wahby continue de constituer ce trésor inépuisable. Candidat au Prix du 3e Festival, qui a pris effet dès la 2e soirée, le jeune Farès Amar a eu recours à l'immortel tube de Wahby en l'occurrence Jit Nechroub bach nensak, (Je suis venu boire pour t'oublier). Il s'agit là d'une chanson qui exige de très grandes capacités vocales et un long souffle. Le jeune Farès Amar, qui a osé, a été longuement applaudi à la fin de sa prestation. Pour prouver sa maîtrise, l'artiste a récidivé en abordant, avec beaucoup d'aplomb, la chanson Galte li wah, «Elle m'a dit oui». Cette fois-ci, le jeune Farès, s'en est sorti ave une note complète accordée par les membres du jury. Le maître de la chanson oranaise, Blaoui El Houari, a été encensé par les louanges qui lui ont été réservées par les autres chanteurs qui ont pris part au festival. De vibrants hommages lui ont été rendus à travers ses oeuvres qui ont été interprétées et répétées, à plusieurs reprises, sur la scène du Théâtre de verdure. Yad el Mersem est cette chanson lyrique tant adulée par les Oranais de toutes générations, qui a été déterrée, vendredi soir par Redouane El Wahrani. Le chanteur au verbe cru, chab Redouane s'est, à son tour, mis à la chanson oranaise. Ce dernier, qui a clôturé la soirée sous les rythmes de Aayit manesbar, «(Je suis las d'attendre), de Blaoui El Houari, a vite fait de retrouver son raï en faisant vibrer les présents sous la très rythmée chanson Jamais nwali liha. Je ne retournerai plus jamais à elle».