Sa visite à Paris et à Londres intervient alors que des documents confidentiels de l'armée américaine, diffusés par le site Wikileaks, font état de liens entre le Pakistan et les insurgés taliban. Le président pakistanais Asif Ali Zardari a entamé hier à Paris une tournée délicate en France et en Grande-Bretagne, deux pays engagés militairement en Afghanistan, sur fond d'accusations britanniques de soutien des services secrets pakistanais au terrorisme. Il s'agit de la seconde visite en France du président pakistanais, veuf de l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, depuis son arrivée au pouvoir en 2008. Il devait s'entretenir en fin d'après-midi d'hier avec Nicolas Sarkozy et aborder, selon l'Elysée, «les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme, la situation régionale ainsi que notre coopération économique». Les deux hommes pourraient aussi discuter de la coopération dans le domaine du nucléaire, un sujet sensible et stratégique pour Islamabad. La France, important exportateur de technologie nucléaire, a accepté l'an dernier de fournir entre deux et six réacteurs à l'Inde, voisin et rival du Pakistan. La visite à Paris et à Londres intervient alors que des documents confidentiels de l'armée américaine, diffusés par le site Internet d'information Wikileaks, font état de liens entre le Pakistan et les insurgés taliban que combattent jour après jour soldats français et britanniques, au prix de lourdes pertes humaines. La France est présente en Afghanistan avec environ 4000 hommes. Londres déploie le deuxième contingent dans ce pays derrière celui des Etats-Unis, avec 9500 hommes. Après Paris, l'étape de M.Zardari à Londres à partir de demain devrait être bien plus délicate, depuis que le Premier ministre David Cameron a accusé, lors d'une visite en Inde, le Pakistan d'un double jeu et d'avoir promu «l'exportation de la terreur» en Afghanistan mais aussi en Inde. Des propos que M.Cameron maintenait hier, selon son porte-parole. Le ministre pakistanais des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi a convoqué hier l'ambassadeur du Royaume-Uni et les services de renseignement pakistanais ont annulé une visite prévue en Grande-Bretagne pour protester contre ces déclarations, selon le quotidien The Times. A la question de savoir si Paris partage les vues de M.Cameron, le quai d'Orsay s'est contenté de répondre que «la situation régionale, notamment les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme, constitue un enjeu essentiel sur lequel nous entretenons un dialogue régulier avec les autorités pakistanaises». A Paris, après son entretien avec Nicolas Sarkozy, le chef de l'Etat pakistanais devait aussi visiter hier soir au musée des arts asiatiques Guimet une exposition sur l'art pré-islamique du royaume de Gandhara, situé dans ce qui est aujourd'hui le nord-Pakistan. Aujourd'hui, M.Zardari devait rencontrer le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner pour discuter également de l'aide humanitaire après les inondations qui ont fait plus de 1200 morts et 1,5 million de sinistrés dans le nord-ouest du pays. Deux sujets assombrissent par ailleurs, les relations franco-pakistanaises. L'un est l'interdiction du voile intégral, que le Parlement français se prépare à adopter et qui fait grincer des dents dans cette République islamique. L'autre concerne l'attentat de Karachi, qui a tué onze Français en 2002, sur fond de soupçons de malversations financières en marge de la vente au Pakistan de trois sous-marins Agosta de la Direction des constructions navales (DCN) française en 1994. Des juges français soupçonnent que des rétro-commissions illégales aient servi à financer la campagne présidentielle de l'ancien Premier ministre Edouard Balladur en 1995. La visite en France devrait s'achever par un volet privé, le président pakistanais devant partir quelques heures en Normandie où la famille Bhutto possède une propriété.