D'une manière ou d'une autre, les sans-papiers seront très bientôt fixés sur leur sort. Le gouvernement Raffarin a fini par rendre public son plan relatif à une sévère réforme du droit d'asile en France. Présenté mercredi devant le Conseil des ministres, le document donne l'air d'avoir été grandement influencé par les idées de l'extrême droite dont la percée a donné à réfléchir aux adversaires politiques des deux camps. Le plan, inscrit en droite ligne d'une politique européenne commune dans ce domaine, prévoit d'en finir d'une manière ou d'une autre avec cette question. Déjà, donc, le camp de transit de Sangatte devra être fermé dès le début de l'année prochaine alors que plus aucun demandeur d'asile n'y sera reçu à partir du 15 novembre prochain alors que l'Angleterre, pays le plus permissif dans ce domaine, doit revoir, à son tour, sa législation avant la fin de cette année. Pour revenir au plan Sarkozy-Raffarin, il cherche à faire d'une pierre deux coups, sans jeu de mot aucun. A savoir, «raccourcir les délais d'instruction des demandes à travers la mise en place d'un guichet unique, mais aussi à accélérer la reconduite dans leurs pays d'origine des demandeurs déboutés». La France, qui fait face à un phénomène sans précédent, a dû traiter en une seule année la bagatelle de 48.000 dossiers au niveau de l'Office français de protection des réfugiés apatrides, plus 31.000 autres cas déposés à la préfecture pour demande d'asile territorial. La réforme, qui stigmatise la lenteur administrative et les trop nombreux services sollicités, ce qui, est-il indiqué, «est une manière détournée de séjourner très longtemps en France». Les demandeurs, même déboutés, trouvent le moyen de rester en France, d'où l'amplification d'un second phénomène qui empoisonne la vie politique de la France : les sans-papiers. Le plan projette à terme de ramener le délai de traitement des dossiers à un mois à peine. Il prévoit également de mettre en place des mesures, musclées s'il le faut, de rapatriement des demandeurs déboutés. Les dizaines de milliers d'Afghans, qui ont trouvé refuge aussi bien en France que dans d'autres Etats du Vieux continent, seront, eux aussi, reconduits chez eux contre 2000 euros. Ceux qui refuseront ce marché seront quand même chassés, par la force s'il le faut, est-il notamment précisé. Les Algériens, grandement concernés par ces questions, devraient trouver pas mal de difficultés à l'avenir. Paris, en clair, n'aura jamais mérité autant son qualificatif si cher à Eluard «Capitale de la douleur»...