Il viendra à Alger pour obtenir davantage de coopération en matière de lutte contre l'immigration clandestine. Il devrait également annoncer de nouvelles restrictions sur les visas pour la France. Le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, devrait effectuer une visite de travail à Alger en septembre prochain, a appris Liberté de sources gouvernementales françaises. Décidé lors du dernier Conseil des ministres consacré à l'Algérie, qui s'est tenu le 16 juillet dernier à l'Elysée, ce déplacement sera le second du numéro deux du gouvernement français dans notre pays, en l'espace de quatre mois. Le 22 mai dernier, au lendemain du séisme meurtrier qui a frappé la région de Boumerdès, Nicolas Sarkozy avait effectué une visite de travail de quelques heures à Alger. Mais, face au drame que vivaient les Algériens, le ministre français de l'Intérieur ne s'était pas contenté d'affirmer la solidarité de la France avec l'Algérie, avant de s'envoler pour Tunis puis pour Rabat. Cette fois, Nicolas Sarkozy vient pour formuler une demande précise aux autorités algériennes : Paris veut davantage de coopération de la part d'Alger en matière de lutte contre l'immigration clandestine. Les nouvelles lois sur l'immigration, votées cet été en France, sont particulièrement dures. Elles suppriment, en effet, l'asile territorial et font de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) le guichet unique de traitement des demandes d'asile à compter du 1er janvier 2004. La Commission de recours des réfugiés (CRR) devrait être l'unique voie de recours. Enfin, la nouvelle loi instaure la notion d'“asile interne” qui devrait permettre à l'Ofpra de rejeter la demande d'une personne ayant pu avoir “accès à une protection sur une partie du territoire de son pays d'origine” et qui pourrait y être renvoyée. Ces lois vont automatiquement mettre plusieurs dizaines de milliers de personnes en situation irrégulière, parmi lesquelles figureront de nombreux Algériens. La majorité des demandes d'asile territorial enregistrées ces dernières années en France provient, en effet, des ressortissants algériens qui ont notamment profité des assouplissements des mesures d'attribution de visas depuis 2000. Mais si l'Algérie ne coopère pas pleinement, la plupart des décisions de reconduite à la frontière, qui seront prononcées par la justice française à l'encontre d'Algériens en situation irrégulière, risquent de ne pas être exécutées. Or, Nicolas Sarkozy, qui joue sa crédibilité et son avenir politiques sur cette question très sensible en France, veut avancer rapidement dans ce dossier. Il veut pouvoir expulser plus facilement les Algériens en situation irrégulière. À plusieurs reprises, les Français s'étaient, en effet, plaints du manque de coopération de la part des autorités algériennes qui refusent souvent de fournir les documents nécessaires pour la reconduite à la frontière des sans-papiers algériens. Lors de son déplacement à Alger, le président Chirac avait évoqué ce sujet avec son homologue algérien. Et Abdelaziz Bouteflika lui aurait donné des garanties. Le président Bouteflika veut surtout voir Paris renvoyer un maximum de diplômés algériens pour pouvoir faire profiter l'Algérie de leur savoir-faire. En septembre prochain, à Alger, Nicolas Sarkozy devrait surtout régler les détails techniques avec son homologue Yazid Zerhouni. Il devrait également annoncer de nouvelles restrictions en matière de délivrance de visas. En échange de la “compréhension” attendue, Nicolas Sarkozy devrait assurer son homologue du soutien total du gouvernement français à la politique du gouvernement algérien. À moins d'un an de la présidentielle de 2004, Paris sait que le président Bouteflika est très sensible à ce genre d'arguments. remaniement ministériel en vue Philippe Douste-Blazy, futur ministre français des Affaires étrangères Un important remaniement ministériel devrait intervenir en France, probablement dès octobre prochain, a-t-on appris de sources bien informées à Paris. Les conflits sociaux qui attendent le gouvernement à la rentrée, la morosité économique et l'approche des élections régionales de mars 2004 auraient incité Jacques Chirac à opter pour des changements importants au sein de l'Exécutif. Si le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin devrait conserver son poste, des ministères clés du gouvernement seraient touchés par ce remaniement, le premier depuis le retour de la droite au pouvoir en juin 2002. Le numéro deux du gouvernement, Nicolas Sarkozy, affaibli notamment par l'échec du référendum en Corse, passerait de l'Intérieur à l'Economie. Calculateur, l'actuel ministre de l'Intérieur sera aux commandes des finances alors que les experts annoncent un retour de la croissance économique dès la fin de l'année 2003. C'est Dominique de Villepin qui le remplacerait au ministère de l'Intérieur dans le nouveau gouvernement où il usera de son talent de diplomate pour convaincre les pays à fort risque migratoire d'accepter d'accueillir plus facilement leurs clandestins qui seront expulsés de France. Philippe Douste-Blazy, le numéro deux de l'UMP (le parti majoritaire), actuellement sans portefeuille, est pressenti pour devenir le nouveau chef de la diplomatie française. Le futur locataire du Quai d'Orsay, actuellement maire de la ville de Toulouse, est, selon ses proches, très favorable à un renforcement des relations entre Paris et Alger. D'ailleurs, selon nos informations, Philippe Douste-Blazy effectuera, dès septembre prochain, une visite de travail en Algérie en tant que secrétaire général de l'UMP. Et la ville de Toulouse, qui est jumelée avec Oran, accueillera en octobre prochain un grand festival en hommage à la culture algérienne. N. L.