Face à la polémique qu'a suscité ce sujet, le département de l'intérieur s'est vu forcé d'assouplir ses mesures. Assouplissement des mesures ou tout simplement d'une nouvelle concession faite aux islamistes? La barbe et le voile ne sont plus une entrave pour la confection des documents biométriques. Les femmes voilées ne seront pas obligées de se débarrasser du foulard et les barbus non plus de leur barbe. Le ministère de l'Intérieur a apparemment trouvé la bonne formule. Des techniques ont été introduites de manière à répondre aux standards internationaux de sécurité préconisés par l'Organisation internationale de l'aviation civile (Oiac). Un service pour la prise de photos a été créé au niveau des daïras pour régler ce problème. «Il faut juste dégager le visage et le front pour les femmes», a expliqué un responsable au niveau de la daïra de Hussein Dey. Pour les hommes, il s'agit juste de tailler la barbe sans pour autant la raser. Ce problème ne se pose plus pour l'administration. Idem pour la carte nationale. L'administration est moins exigeante sur ce plan en acceptant même des photos avec le voile. «J'ai déposé mon dossier tout en introduisant des photos avec le foulard», témoigne une enseignante croisée à la sortie de la daïra. Devant la polémique qu'a suscitée ce sujet, le département de l'intérieur s'est vu forcé d'assouplir ses mesures pour satisfaire tout le monde. Il faut reconnaître que l'interdiction du port du voile et de la barbe a provoqué une grande polémique. Des partis politiques et même des associations sont montés au créneau pour dénoncer les mesures prônées par le ministère de l'Intérieur. Le patron du MSP, Bouguerra Soltani, s'est dit «surpris» par les déclarations «de certains responsables au sujet de la nécessité d'ôter le voile et de se raser la barbe pour se faire délivrer le passeport et la carte d'identité biométriques». «(...) Il y a nécessité de respecter la religion musulmane, l'appel du 1er Novembre et la Constitution qui stipule clairement que l'Islam est religion de l'Etat (...)», avait affirmé Bouguerra Soltani. Le Haut conseil islamique avait également critiqué cette disposition. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a pris la défense de l'Intérieur pour mettre fin à cette polémique entourant la prise de photo en hijab pour l'établissement du passeport et de la carte d'identité biométriques. «Il faut respecter la loi», a martelé le ministre concernant l'application des mesures relatives au passeport et à la carte nationale d'identité biométriques. «Si la loi oblige la citoyenne à prendre une photo où doivent apparaître ses traits sur le passeport biométrique, cette dernière doit s'y conformer, mais si la loi lui laisse le choix, elle a alors la liberté de décider», a déclaré M.Ghlamallah lors de son intervention à l'ouverture des travaux des deux journées d'études sur les méthodologies de la formation dans les instituts islamiques. Le ministère de l'Intérieur a eu à s'expliquer à plusieurs reprises sur ce sujet. Se référant aux standards de sécurité internationale, l'ex-ministre de l'Intérieur a plaidé pour l'application de la loi. Le directeur général des libertés générales et des affaires juridiques au niveau de ce département, Talbi Mohamed, a réitéré que les citoyens doivent se soumettre à la loi. Les nouvelles mesures appliquées au niveau des aéroports sont basées sur la photo et l'empreinte digitale. «Si le citoyen ne respecte pas les règles il risque de s'exposer à l'humiliation», a-t-il affirmé. Voulant balayer toute polémique, le représentant précise que la numérisation des pièces d'identité vise à assurer plus de sécurité aux citoyens. Par ailleurs, le passeport biométrique attire des foules importantes. En prévision de sa mise en application en octobre 2010, les daïras et communes sont dépassées. Des demandes quotidiennes sont enregistrées au niveau des daïras. Malgré la période des vacances, les guichets des daïras et des communes sont pris d'assaut.