Hidjab ou non? Voilà une bien belle manière de s'intéresser au superflu au détriment de l'essentiel. En une période très courte, des évènements aux contours flous se sont succédé. Depuis le début du mois en cours une polémique sur le voile, le hidjab et le passeport biométrique a littéralement effacé une autre polémique sur la peine de mort. D'autres questions plus fondamentales comme la corruption et le pouvoir d'achat ont été reléguées au second plan. C'est le cas des scandales de corruption, des émeutes dans certaines régions du pays et de la flambée des prix. Ce sont là les retombées de cette polémique injustifiée née autour de la barbe et du voile. Cette controverse est mise en relief alors que le citoyen lambda est plutôt préoccupé par la flambée incessante des prix des produits de première nécessité et par ricochet l'érosion de son pouvoir d'achat. Sur certains marchés, des produits abordables il y a quelque temps, comme l'oignon et la tomate, ont dépassé la barre des 120 DA. La sardine a franchi les 350 DA dans les villes côtières! Un coup très dur pour la ménagère. Le pouvoir d'achat est sérieusement malmené par une flambée des prix des produits de consommation. Une flambée qui a affecté tous les produits de consommation: citron, viandes blanche et rouge. Cependant, c'est justement en ces moments particulièrement insoutenables où le citoyen aspire être défendu par ses représentants politiques que l'on se focalise sur une vaine polémique. Le sujet fait même l'objet d'une véritable discorde entre les partis politiques. Il continue de susciter des positions diamétralement opposées dans un contexte marqué par des tensions particulières. Le tout, à deux ans des élections locales et législatives de 2012. Ce dossier lié au passeport biométrique est d'ordre purement technique. Ses spécificités sont requises par les standards internationaux mais elles font les choux gras des médias et tendent à scinder la classe politique en deux. L'une est favorable à la démarche du ministère et l'autre s'y oppose. Les opposants sont de deux sortes. Certains ont mis en avant l'aspect religieux pour réfuter à la démarche du ministère de l'Intérieur. D'autres ont mis en exergue l'intrusion dans la vie privée et l'atteinte à la souveraineté nationale. A l'opposé, il y a ceux qui considèrent que c'est un faux débat et par ricochet s'alignent sur le procédé du département de l'Intérieur. Craignant que les femmes ne soient obligées d'ôter le voile et les hommes de raser leur barbe pour la prise de la photographie, les islamistes font front commun et persistent dans leur offensive malgré les concessions du ministère de l'Intérieur. M.Zerhouni a affirmé lors d'une conférence de presse jeudi dernier à Alger, que les femmes ne sont pas obligées d'ôter entièrement le voile couvrant le visage pour les besoins de la photo utilisée pour le passeport biométrique. En cette même occasion, le ministre a tenu à expliquer que «toutes les mesures prises par l'Etat dans ce sens s'inscrivent dans le cadre du respect de la dignité du citoyen». Il ajoute que la photo doit être prise conformément aux standards internationaux requis par l'Organisation de l'aviation civile internationale. Dans sa dernière sortie médiatique, le président du Mouvement de la société pour la paix, Bouguerra Soltani a réitéré son refus catégorique de la démarche du ministère de l'Intérieur et des collectivités locales. Une décision qui consistait selon lui à interdire aux citoyennes et citoyens d'être photographiés en hidjab ou avec une barbe pour se voir établir certains documents. Le RND, pour sa part, a critiqué le débat sur les questions de la barbe et du hidjab pour ce qui est des photos du passeport biométrique, en déclarant que ce débat est «inacceptable» soulignant que «des procédures et des mesures ont été prises par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales». En réponse à son partenaire dans la coalition présidentielle, le RND, le responsable du MSP estime que le fait de s'appuyer sur des arguments sécuritaires n'est pas acceptable quand il s'agit de toucher à des libertés et à des croyances religieuses. En fait, les tenants de l'islam rigoureux s'opposent à ce que la photo apposée sur les futurs documents biométriques soit visible dans des lieux publics. Dans un communiqué émanant du parti El Islah, il est relevé que la mesure d'interdiction du khimar et de la barbe «est anticonstitutionnelle» en citant les articles 2, 6, 9 et 42 de la Constitution. Le FLN ne s'est pas encore prononcé «sur ce sujet brûlant» selon son porte-parole, Saïd Bouhadja. Néanmoins, en tant que membre du comité central, M.Bouhadja soutient «indéfectiblement le projet du ministre de l'Intérieur». Le PT soutient aussi le ministre de l'Intérieur dans son projet d'instaurer le passeport biométrique. Il n'y a que des gens qui ont quelque chose à se reprocher qui fustigent la démarche visant à instaurer le passeport et la carte d'identité biométriques, selon la déclaration de Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs. C'est en ces termes qu'elle a réagi à la polémique sur les caractéristiques des photos à apposer sur ces documents.