Nasser al-Aulaqi, le père d'un imam possédant la double nationalité américaine et yéménite, a demandé à des associations américaines de déposer plainte contre le gouvernement américain et la CIA pour avoir placé son fils sur la liste des cibles à assassiner. L'organisation américaine de défense des libertés civiles (Aclu) et le Centre pour les Droits constitutionnels (CCR) ont annoncé, mardi soir qu'ils avaient été chargés au mois de juillet par le père d'Anouar al-Aulaqui de déposer plainte devant un tribunal fédéral, arguant notamment que son fils a la nationalité américaine. Mais jusqu'ici, ont expliqué les organisations à la presse, il n'a pas été possible de déposer plainte parce que les Etats-Unis ont gelé le 16 juillet les avoirs d'Anouar al-Aulaqui, affirmant qu'il était «l'un des dirigeants-clés d'Al Qaîda dans la péninsule arabique (Aqpa)». Ce gel oblige les deux organisations à demander une «licence» au département du Trésor pour pouvoir entamer leur procédure. «On demande que des avocats demandent la permission au gouvernement pour déposer plainte contre une mesure dudit gouvernement», a protesté Anthony Romero, directeur exécutif de l'Aclu. Les deux organisations ont déposé une plainte mardi devant le tribunal fédéral de Washington en vue «soit d'annuler l'obligation d'obtenir une licence, soit d'obliger le Trésor à nous la donner», a-t-il poursuivi. «Nous voulons contester la légalité du programme d'assassinats secrets de l'administration loin du champ de bataille et nous le ferons dès que ce sera possible», a ajouté Vince Warren, directeur exécutif du CCR. Il a rappelé que les faits avaient montré «depuis 2001» que les Etats-Unis ont accusé «des centaines de personnes» de terrorisme avant de découvrir qu'ils étaient innocents, et «des milliers de civils ont été tués dans des attaques menées par des drones». «Le Yémen est à 3000 km de l'Afghanistan, le Yémen n'est pas un champ de bataille, les Etats-Unis ne sont pas guerre contre le Yémen», a rappelé M.Warren, en référence au fait qu'Anouar al-Awlaqui se cacherait au Yémen. «Est-ce qu'on tolérerait que la Chine ou la France décide secrètement d'exécuter ses ennemis dans notre pays?», a-t-il poursuivi. Plus généralement, l'Aclu et le CCR s'interrogent sur «comment l'administration décide de placer ou non des Américains sur la liste des personnes à abattre? Combien d'Américains figurent-ils sur cette liste? A quel moment ils décident qu'on appuie sur la détente?». Interrogé mardi lors d'un point presse sur la possibilité qu'un citoyen américain voyageant à l'étranger soit la cible d'un assassinat par la CIA, le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs s'est énervé qu'on puisse comparer «un touriste qui visite l'Italie avec quelqu'un qui a, de multiples fois, dans des vidéos, promis de faire respecter et de soutenir les théories violentes et meurtrières d'Al Qaîda». «Le président prendra tous les moyens nécessaires pour empêcher que notre pays soit menacé par ce type de personnes», a-t-il certifié, en réponse à une question sur les promesses de campagne de Barack Obama de rester en conformité avec la Constitution américaine.