Frik, mermez, cannelle, poivres rouges doux et piquant...rien ne doit manquer pour la «grande bouffe». Chaque année, à la veille du Ramadhan, les familles algériennes ont tendance à s'approvisionner en grande quantité en produits alimentaires afin de ne manquer d'aucun qui puisse perturber la rupture du jeûne. Ce n'est pas le cas cette année puisque les Algériens découvriront une chorba d'un autre goût. Celle à la viande de buffle. Mais, en attendant, il n' y a pas de rush au niveau des différents marchés de la capitale, ni signalé dans les grandes métropoles du pays. La ruée n'a pas eu lieu, au vu de la relative augmentation des prix. Elle a été aussi quelque peu freinée par le début de l'année scolaire, qui coïncidera cette année avec la fin du Ramadhan et l'Aïd El Fitr. L'appât du gain de nombreux commerçants a cependant rendu les emplettes traditionnelles plus ardues. Les produits les plus recherchés commencent à être retirés de leurs étals et devantures. Ils seront, comme par miracle, de nouveau exposés sous l'affiche d'un prix généreusement augmenté. Cela concerne en particulier les victuailles «spécial Ramadhan», comme les pruneaux, les raisins, le frik, et le smen...sans oublier certaines produits gastronomiques si chers à nos cordons bleus, comme les poivres noir et rouge pour agrémenter la «chorba» et pimenter les salades de toutes sortes qui orneront les tables. Maman, n'oublie pas Ras El Hanout s'égosillait une jeune apprentie-cuisinière à l'adresse de sa mère qui s'en allait faire le marché. Ce mélange composé de 7 à 10 épices précieuses, ne saurait en effet, manquer aux maîtresses de maison soucieuses d'offrir le meilleur plat à leur progéniture et à leur mari sourcilleux quant à la qualité et la saveur du «Plat» à la fin d'une journée de travail et de....jeûne. Un petite virée dans un marché d'Alger nous renseigne sur les principaux produits recherchés par nos ménagères à la veille donc du Ramadhan. L'herboriste semble être le «roi du marché» en cette période de préparation. Déjà affairé à servir nombre de clients, de la gent féminine surtout, il a fallu attendre notre «tour» pour le questionner quelque peu sur ces ardents préparatifs. A la question concernant l'augmentation des prix, une réponse négative a éclairé son visage sérieux. Il prend la peine de nous énumérer quelques-uns relatifs aux denrées les plus recherchées actuellement. Il cite d'abord, chorba oblige, celui du «frik», ou blé concassé, qui revient à 220 DA le kilogramme ajoutant, en relevant ses sourcils broussailleux d'un air connaisseur, que le «mermez» orge concassé coûte, bien sûr, dira-t-il, plus cher et n'est cédé qu'à 250 DA/kg. Le poivre rouge doux pour «colorer» et donner une certaine saveur à la soupe traditionnelle du Ramadhan, revient dans une fourchette oscillant, selon la qualité et l'origine, entre 400 et 600 DA/kg. Il se pliera aimablement à d'autres questions précisant que les raisins secs, tant appréciés pour le couscous du «shour» ou pour ajouter «un plus» au plat sucré du dessert, le fameux «l'ham lahlou» aux pruneaux secs, sont vendus à 400 DA/kg. Il ajoutera que pour la composition de ce fameux dessert, presque aussi indispensable que la «chorba», des pruneaux de production locale, sont cédés à 340 DA/kg dans des sachets conditionnés d'une livre chacun. Des barquettes de 250 grammes, joliment présentées et d'un «design» agréable, sont également proposées à un prix sensiblement similaire. Ces barquettes sont garnies de trois fruits secs, à savoir: pruneaux, abricots et raisins secs. Tout cela ne doit en aucun cas occulter l'une des principales préoccupations du jeûneur-consommateur qui pense au coût réel de la future «meïda du Ramadhan.» La grande question, en effet, est la disponibilité et le prix de la viande cette année. La première livraison de viande rouge bovine d'Inde, sur les 4000 tonnes devant être importées de deux Etats musulmans de ce pays, était programmée pour lundi dernier. Le premier lot de cette viande «entièrement hallal» devait arriver par voie maritime, dans des conteneurs d'une capacité de 25 tonnes chacun. La totalité sera livrée en 4 à 5 jours. Son prix sera, affirme-t-on, de moins de 560 DA/kg. Pour assurer le bon déroulement de cette opération d'importation, les responsables des services vétérinaires et techniques et les ingénieurs de contrôle de la qualité du groupe Sotracov, filiale de la SGP Proda et unique importateur public de viandes en Algérie, se sont déplacés en Inde, selon son directeur, Djahid Zfizef, pour s'assurer de la bonne qualité du produit.