Pour cette deuxième présidentielle depuis les massacres, le «chairman» du FPR, l'ex-rébellion tutsi, fait face à trois candidats l'ayant soutenu en 2003. Le président sortant Paul Kagame, qui dirige d'une main de fer le «nouveau Rwanda» post-génocide, apparaît comme l'ultra-favori de l'élection présidentielle du 9 août organisée dans un contexte de raidissement du régime et de répression accrue de l'opposition. M.Kagame préside aux destinées de ce petit pays d'Afrique centrale depuis qu'il a mis un terme au génocide des Tutsi en juillet 1994. Il sollicite auprès de cinq millions d'électeurs un nouveau mandat de sept ans après son élection triomphale en 2003. Pour cette deuxième présidentielle depuis les massacres, le «chairman» du Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-rébellion tutsi qui contrôle tous les échelons de la vie politique, fait face à trois candidats l'ayant soutenu en 2003. Trois partis récemment apparus, dont deux non reconnus par les autorités, sont de facto exclus du scrutin et ont dénoncé une «farce électorale». Tout au long de la campagne, le candidat Kagame, promettant de «poursuivre la bataille pour le développement et pour la paix», aura mobilisé des centaines de milliers de partisans au cours de meetings organisés dans tout le pays et relayés sur internet. Ces shows à l'américaine, impeccablement orchestrés par le FPR, auront été une nouvelle fois l'occasion de louer les progrès du «pays des mille collines» sous la férule de l'ex-chef de guerre. Fort d'un généreux soutien international, les autorités ont mis en oeuvre une politique volontariste de développement économique, axée sur les services et les nouvelles technologies, ainsi que la modernisation de l'agriculture. Cité en exemple pour sa lutte contre la corruption ou en faveur des femmes, le Rwanda figure parmi les pays les plus en pointe dans la défense de l'environnement. Confronté à la tâche herculéenne de réconcilier Hutu et Tutsi, le gouvernement a pu juger la presque totalité des auteurs du génocide, avec l'expérience unique des juridictions gacaca. Néanmoins, opposants et critiques du régime dénoncent une réussite en trompe l'oeil dissimulant un régime répressif et ultra-autoritaire. Des organisations telles que Human Rights Watch (HRW) déplorent régulièrement «la répression persistante des droits civils et politiques» et les «restrictions de la liberté d'expression, susceptible d'affecter la stabilité du pays à long terme». Des observateurs s'inquiètent d'une réconciliation de façade, alors que la question ethnique reste explosive, ou d'un fossé toujours plus grand entre villes et campagnes. A l'approche de la présidentielle, les signes de tension se sont multipliés, avec une «hausse de l'insécurité» et «un nombre croissant de menaces et d'agressions» envers l'opposition, selon HRW. Un candidat annoncé, Bernard Ntaganda, est sous les verrous, l'opposante Victoire Ingabire sous contrôle judiciaire, tous deux accusés notamment de négation du génocide. Le 24 juin, un journaliste a été tué par balles à Kigali par des inconnus. Mi-juillet, le corps quasi-décapité d'un opposant a été découvert dans un marais. La capitale a été le théâtre de février à mai d'une série d'attentats à la grenade, «actes de déstabilisation» attribués par les autorités à l'opposition en exil. Des fractures sont également apparues au grand jour au sein de l'élite tutsi anglophone à la tête du pays depuis 1994, qui rendent très nerveux le régime. Plusieurs officiers de haut rang ont été arrêtés, et l'exil de personnalités clé du FPR s'est accéléré, avec la fuite très remarquée de l'ancien chef d'état-major de l'armée Kayumba Nyamwasa, victime le 19 juin en Afrique du sud d'une tentative d'assassinat. De leur exil, ces combattants de la première heure du FPR, détenteurs de tous les secrets du système Kagame, n'hésitent plus désormais à appeler les Rwandais à «se soulever contre le dictateur».