L'année se termine en beauté au Brésil. Après avoir su juguler la crise internationale, le gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva a donné hier un nouveau coup de pouce au salaire minimum, de l'ordre de 6 % en termes réels, qui entrera en vigueur au 1er janvier prochain. Depuis son entrée en fonction en 2003, Lula aura donc relevé le salaire minimum mensuel de 200 reals à 510 reals (environ 200 euros), soit une revalorisation de 50 % hors inflation. Sa politique pour augmenter les bas salaires s'accompagne également d'un coup de pouce aux retraites, de l'ordre de 2 %, et à l'élargissement du programme d'allocations familiales aux plus démunis, Bolsa Familia. Une politique sociale assortie d'une série de mesures d'exemption fiscale pour soutenir la demande. Automobile, électroménager, construction civile… Les consommateurs ont répondu présent. Le grand marché intérieur a permis au Brésil de rebondir et de sortir d'une brève récession dès le mois de juin. " Le Brésil, de par la structure de son économie, passe beaucoup mieux au travers de la crise [que d'autres pays émergents comme la Russie]. Et avec des mesures extrêmement simples et efficaces qui ont été adoptées par le gouvernement, le marché brésilien de l'automobile va même être en croissance d'environ 8 % cette année par rapport à l'an dernier ", explique Jean-Michel Jalinier, président de la filiale brésilienne de Renault. De fait, le Brésil tourne résolument le dos à la crise et amorce 2010 avec une perspective de 5 % de croissance (après un résultat proche de 0 cette année). " Désormais, l'accent sera mis sur l'investissement pour faire tourner la roue de l'économie de manière équilibrée ", garantit Lula. La plupart des chefs d'entreprise se préparent déjà à augmenter leurs investissements, selon une enquête de la Confédération nationale de l'industrie. Mais 2010 sera aussi une année électorale. Lula, pour la première fois en vingt ans, ne pourra pas se présenter à la présidentielle d'octobre, en vertu de la Constitution qui lui interdit plus de deux mandats consécutifs. Il défend les couleurs de Dilma Rousseff, sa dauphine, en charge du programme d'infrastructures, qui devrait recevoir l'année prochaine un montant record d'investissements. Pour l'instant, c'est toujours le candidat de l'opposition, José Serra, qui caracole en tête des sondages. Mais, grâce à la popularité record de Lula (plus de 80 %), Dilma Rousseff comble petit à petit son retard. L'augmentation du salaire minimum et la bonne santé de l'économie joueront également en sa faveur.