Malgré son bilan, et l'avis des spécialistes qui considéraient que cette élection présidentielle allait être une formalité pour le président brésilien sortant, Lula a été trahi par les sondages. Il n'a pas réussi son pari d'être réélu au premier tour. Plus que cela, le Président brésilien Lula, victime d'un scandale en fin de campagne, et qui n'a donc pas réussi à franchir la barre des 50%, est talonné de très près par le social-démocrate Geraldo Alckmin. Il devra, par conséquent, affronter un second tour de scrutin le 29 octobre. C'est donc la stupeur dans le camp du président sortant mais ce qui s'apparente à un échec, car l'écart entre les deux hommes a atteint les vingt points ces derniers jours, c'était aussi une hypothèse forte. Sur plus de 99,1% des votes décomptés, Inacio Lula da Silva a obtenu 48,6% des suffrages exprimés contre 41,7 à Alckmin. Le ministre des Relations institutionnelles, Tarso Genro, a estimé qu'il avait « manqué peu au président Lula pour gagner au premier tour ». « Nous étions préparés pour le premier tour et nous sommes maintenant également prêts pour le second », a ajouté le ministre. Geraldo Alckmin, le candidat du Parti de la social-démocratie brésilienne, a déclaré qu'il avait de « grandes chances » de remporter l'élection présidentielle brésilienne au second tour le 29 octobre contre le président Lula. « Je vais au second tour avec de grandes chances de remporter l'élection », a déclaré Geraldo Alckmin. « Nous allons mouiller notre chemise pour nous montrer dignes d'une confiance encore plus grande du peuple brésilien au second tour », a poursuivi M. Alckmin. « Le Brésil peut avoir un gouvernement éthique, honnête comme le peuple brésilien, un gouvernement efficace, améliorer ses services publics pour que le Brésil croisse », a estimé M. Alckmin. La sénatrice radicale Heloisa Helena, exclue en 2003 du Parti des travailleurs (PT) de Lula, a obtenu 6,8% et l'ancien ministre de l'Education du Lula, Cristovam Buarque, également exclu du PT, 2,6%. Autre motif de réjouissance pour le PSDB de l'ancien président Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) : José Serra, rival de Lula lors de la présidentielle de 2002, a obtenu une victoire écrasante au poste de gouverneur de Sao Paulo, en obtenant 58% des suffrages exprimés. José Serra avait précisément été la cible du dossier anti-opposition à l'origine du scandale qui a peut-être coûté l'élection au premier tour de Lula. Jusqu'à quinze jours du scrutin Lula semblait assuré de l'emporter haut la main dès le premier tour. Mais la fin de la campagne électorale a été entachée par un scandale portant sur une tentative d'achat d'un dossier dirigé contre Serra et Alckmin par des membres du PT. Le 15 septembre, deux personnes liées au PT avaient été arrêtées par la Police fédérale en possession de l'équivalent de 800 000 dollars destinés à l'achat d'informations prétendument compromettantes pour l'opposition. Le Président pourrait bien aussi réfléchir longtemps au bien fondé de sa décision de ne pas participer au dernier débat électoral de la campagne à la télévision contre les trois autres principaux candidats. Quelque 126 millions de Brésiliens étaient appelés à voter dimanche pour élire le président de la République ainsi les gouverneurs des 27 Etats, les 513 députés du Parlement et 27 (un tiers) des 81 sénateurs, ainsi que les députés des assemblées régionales. Parmi les sénateurs élus dimanche figure l'ancien président brésilien Fernando Collor de Mello qui avait démissionné en 1992, alors qu'il était la cible d'une procédure de destitution pour corruption. Collor, élu dimanche sénateur de l'Etat d'Alagoas, occupera ironiquement le siège laissé vacant par la dissidente de gauche du PT, Heloisa Helena. Mais tout laisse croire que le paysage politique ne connaîtra pas de profonds changements, malgré le retour de personnages aussi controversés que l'ancien président Collor. Sauf, bien entendu, en ce qui concerne le deuxième tour de l'élection présidentielle. D'ici au 29 octobre, bien des choses peuvent se produire à la charge du président sortant, fort pourtant d'un bilan incontesté. Sans se renier, Lula s'est fait social-démocrate pour ne provoquer aucune rupture dans la fabuleuse ascension de son pays sur l'arène mondiale. En faisant preuve de réalisme, il a propulsé le Brésil à un rang parmi les grands de ce monde.