Les mesures sécuritaires proposées par Nicolas Sarkozy ont été plébiscitées par une majorité de Français, selon un sondage réalisé par l'Ifop pour le quotidien Le Figaro proche des idées de droite. L'ex-ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand ne s'affole pas. «Cette attente de l'opinion, moi ça ne m'effraie pas, j'ai connu une époque où la France votait à 80% pour l'Algérie française et quelques années après avec le général de Gaulle quand il a proposé l'indépendance, ils votaient à 80% pour l'indépendance de l'Algérie...», a déclaré Roland Dumas, vendredi matin, sur les ondes d'Europe1. De son côté, le président français qui sera sans aucun doute candidat à sa propre succession en 2012, doit se frotter les mains. Trouvera-t-il gré, le moment venu, aux yeux des électeurs? Les immigrés, particulièrement ceux d'origine algérienne, feront-ils les frais d'une campagne présidentielle qui semble être prématurément lancée? Le sondage commandé par le journal Le Figaro indique que les Français ont été 80% à se prononcer pour le retrait de la nationalité française aux ressortissants d'origine étrangère coupables de polygamie ou d'incitation à l'excision. Deux stéréotypes qui ciblent en priorité les populations maghrébines et africaines de confession musulmane. Faut-il rappeler l'affaire de cette conductrice verbalisée, en plein débat sur le port du voile intégral, parce qu'elle portait le niqab et dont l'époux, Lyès Hebbadj, un Français d'origine algérienne, a fait l'objet d'une mise en examen car soupçonné de polygamie. Il faut préciser aussi, que le ministre de l'Intérieur avait menacé de le déchoir de la nationalité française. Le débat a glissé de la burqa à la polygamie sans crier gare et Brice Hortefeux n'a pas hésité à franchir un autre pas. Il aura de nouveau l'occasion de faire preuve de zèle. Dans un discours prononcé le 30 juillet à Grenoble, le chef de l'Etat français avait souhaité que la nationalité française puisse «être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme, ou de tout autre dépositaire de l'autorité publique». 70% des Français y sont apparemment favorables. Brice Hortefeux qui avait saisi la balle au bond a renchéri. Interrogé dans la foulée par le quotidien Le Parisien, il avait indiqué que «des déchéances de nationalité doivent pouvoir être prononcées dans de telles situations mais aussi en cas d'excision, de traite d'êtres humains ou d'actes de délinquance graves». Les Français ne semblent pas être sourds à de telles mesures. Ciblent-elles en priorité certaines communautés plus que d'autres? Si l'on se fie au sondage de l'Institut français d'opinion publique (Ifop) qui est, depuis 1938, un des pionniers et acteurs principaux du marché des sondages d'opinion et des études marketing, la réponse serait sans hésitation, oui! Le thème et le débat centraux de la prochaine échéance électorale qui désignera le successeur de Nicolas Sarkozy à l'Elysée porteront inéluctablement le sceau de l'immigration. Cela dure depuis plus de trois décennies. Tous les indices convergent pour que le sujet favori de la droite française, qui consiste à mener la chasse aux étrangers lors de ce type de rendez-vous, soit remis encore une fois de plus ou de trop, c'est selon, sur le tapis. Les Français ne semblent en tout cas ne pas en être rassasiés. La toile donne l'impression d'être diaboliquement tissée. Elle ne sera sans aucun doute pas sans conséquences sur le climat social qui est en proie à de sérieuses perturbations. Licenciements, départ à la retraite, déficit budgétaire mais aussi les affaires (Woerth, Bettencourt...) seront inévitablement de la partie. La feinte ne pourra être esquissée qu'artificiellement. Des voix fortes commencent à s'élever et non des moindres. «On n'avait pas vu ça depuis Vichy, on n'avait pas vu ça depuis les nazis. Mettre la priorité sur la répression, c'est une politique de guerre civile», a déclaré dans une interview à l'hebdomadaire Marianne; Michel Rocard. «Il le paiera et il l'aura mérité» a ajouté l'ex-Premier ministre socialiste à propos de Nicolas Sarkozy qui a été qualifié de «voyou de la République» par le magazine français d'information. «Si nous avons osé ce titre, "Le voyou de la République", c'est que nous sommes convaincus que Nicolas Sarkozy ne croit pas à ses récentes propositions. Il s'y est résolu, persuadé que c'est un passage obligé pour remporter l'élection présidentielle de 2012. La victoire à tout prix, qu'elles qu'en soient les conséquences. C'est ainsi, chère Simone, que raisonnent les caïds des cités», peut-on lire dans l'édito de Marianne qui interpelle Simone Veil.