Il reste à savoir si le grand débat de ce soir, sera un élément de choix pour les Français, notamment les indécis. C'est une véritable partie d'échecs que se livreront, ce soir, les deux candidats de la présidentielle française. Les deux parties sortiront le grand jeu. Après avoir convaincu leurs «soldats» à voter, Sarkozy et Royal passeront à l'offensive. Chacun suit minutieusement le déplacements de son adversaire. Le moindre faux pas de l'un permettra à l'autre de marquer un point de plus. A l'heure actuelle, le jeu reste très serré. La partie n'est pas encore arrivée à son terme. Toutefois, Nicolas Sarkozy, maîtrise mieux le jeu. Arithmétiquement, le candidat de droite, accumule plus de points qui devront servir à mettre son adversaire en échec. Outre, les derniers sondages qui donnent Sarkozy en tête, avec 52%, les résultats du premier tour laissent prévoir une victoire de celui-ci. Conforté par une force de 31%, ce dernier devance Ségolène Royal de plus de 5%, soit près de 2 millions de voix. Ajoutant les voix de de Villiers et de Jean-Marie le Pen, Nicolas Sarkozy pourrait dépasser les 44%. Certes, les lepénistes pourraient tous ne pas rallier Sarkozy d'autant que le leader du Front national a appelé, mardi, ses troupes à «s'abstenir massivement» au second tour de la présidentielle de dimanche, renvoyant dos à dos Nicolas Sarkozy «l'illusionniste» et Ségolène Royal, un choix «dangereux». Mais vu le rapprochement des deux idéologies, Sarkozy pourra compter sur l'apport de son frère-ennemi de l'extrême droite. Le naufrage de Front national, 10,44%, est dû, d'un côté, à l‘immigration d'une grande partie des lepénistes vers la droite. Autrement dit, grâce à sa politique plus ou moins proche de l'espace idéologique des militants de l'extrême droite, Sarkozy a réussi à faire reculer le Front national. Simple rappel: lors du deuxième tour de l'élection de 1988, Jacques Chirac-François Mitterrand, 65% des électeurs frontistes ont voté, selon la presse locale, pour Jacques Chirac. Idem pour 1995, lorsque 50% des électeurs de Le Pen ont rallié la droite. Cette fois-ci, Sarkozy a bien mené sa stratégie politique pour compter les voix du FN dans son compteur, telle la création du département de l'immigration et de l'identité nationale. Dans une analyse faite à L‘Express, Eric Lorient, expert de l'électorat de l'extrême droite, a souligné que «la moitié de notre électorat se portera sur la droite. Cette année, au minimum 60% peuvent se rallier à Sarkozy». M.Philippe Goulliaud, grand reporter et analyste au quotidien Le Figaro, également président de l'Association de la presse de l'Elysée, a déclaré à L'Expression que «le score de la droite montre que le rejet personnel de Sarkozy n'est pas aussi fort que la gauche l'avait cru. Mais, alors qu'il a tenu des propos très marqués à droite pour affaiblir Jean-Marie le Pen, il va devoir aussi séduire les centristes. La candidate socialiste part plus loin. Elle doit, elle aussi, attirer à elle les électeurs centristes, et ne pas se braquer sur les électeurs de la gauche. Sa position est nettement moins confortable.» En outre, «l'arbitre» Bayrou continue à jouer un rôle de premier plan. A propos de ses électeurs, M.Goulliaud, a souligné que «Nicolas Sarkozy a choisi de s'adresser directement à ses électeurs, en l'ignorant, Ségolène Royal préfère dialoguer avec lui et lui propose de faire un bout de chemin ensemble.» Quelques élus du Parti de Bayrou ont préféré rallier Sarkozy. En contrepartie, les électeurs ont choisi le camp du parti socialiste. Selon le dernier sondage de TNS-Sofrès pour Le Figaro, RTL et LCI, les électeurs de François Bayrou hésitent encore: 41% voteront pour Ségolène Royal, 32% pour Nicolas Sarkozy, et 27% n'ont pas exprimé d'intention de vote. Dans ce cas, Ségolène Royal aurait bénéficié de neuf points de plus, (seulement du vote Bayrou), que son rival de l'UMP. Mais cela ne serait pas suffisant pour éliminer Sarkozy. Car, avec le soutien de la gauche plurielle, Mme Royal pourrait comptabiliser 40%. Autrement dit, Sarkozy, aidé des voix de le Pen et de Philippe de Villiers, pourrait battre Ségolène Royal et sa gauche plurielle. Il reste à savoir si le grand débat de ce soir, sera un élément de choix pour les Français, notamment les indécis. Philippe Goulliaud estime qu'«en règle générale, ce débat permet de mesurer l'état d'esprit des deux finalistes. Il y aura cette année, une difficulté supplémentaire pour le candidat de la droite: Peut-on débattre avec une femme comme on le fait avec un homme? Royal est indiscutablement meilleure dans les débats que dans les meetings.». Enfin, le jeu se poursuit et le soir du 6 mai, on saura qui prendra les rênes de la France.