Portant des masques sur leur visage ou des mouchoirs pour se protéger de l'air, les Moscovites continuaient hier de suffoquer dans une canicule dont les météorologues ne prévoyaient aucune amélioration. Les niveaux de monoxyde de carbone dans l'air étaient cinq fois plus élevés que le maximum acceptable pour la santé publique, a indiqué au journal Kommersant, l'organisme de surveillance de Moscou. Symbole de la capitale russe, le Kremlin disparaissait derrière un nuage de fumée âcre. Le ministère des Situations d'urgence a averti que les incendies continuaient de s'étendre dans l'ouest du pays, les météorologues n'ayant prévu aucune amélioration dans les prochains jours de la canicule sans précédent qui frappe la Russie depuis plus un mois. Hier c'étaient ainsi 193.500 hectares qui étaient en feu, sans aucun signe de répit. Les autorités continuent de surveiller attentivement la situation près du centre nucléaire de Sarov, dans la région de Nijni-Novgorod à 500 km à l'est de Moscou, où des militaires ont abattu les arbres autour du site pour écarter tout risque de propagation du feu. Et les autorités ont annoncé avoir évacué du centre tous les matériaux radioactifs. Autre région qui préoccupe les autorités russes, celle de Briansk (sud-ouest), à la frontière avec l'Ukraine, dont le sol et les végétaux contaminés en 1986 pendant l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl pourraient en cas d'incendie propager cette pollution radioactive. A Moscou, les véhicules roulent en plein jour tous phares allumés pour se frayer un chemin dans le brouillard qui recouvre la ville. Des Moscovites portaient des masques protecteurs, d'autres couvraient leur visage avec des mouchoirs. Cette fumée pénètre dans les immeubles et était même visible à l'oeil nu dans le métro, pourtant l'un des plus profonds au monde. Certains musées ont fermé leurs portes, la fumée ayant pénétré leur système de ventilation. «La situation est vraiment extrême» a estimé dans le journal Kommersant Ivan Iourlov, de la Ligue nationale pour la santé. Les vols à partir de Domodedovo, un des aéroports internationaux de Moscou, étaient perturbés, certains appareils étant dirigés vers d'autres aéroports russes cependant qu'environ 40 vols étaient annulés, a annoncé la commission nationale de l'aviation Rosaviatsia. «La visibilité dans les environs de Domodedovo est de 325 mètres: il appartient désormais aux commandants de bord de prendre la décision d'atterrir» a déclaré un responsable de Rosaviatsia, Sergueï Izvolsky, à l'agence Interfax. En revanche, Cheremetievo, l'autre grand aéroport, situé au nord de Moscou, fonctionnait normalement samedi. L'Allemagne a décidé de fermer son ambassade jusqu'à nouvel ordre et demandé à ses ressortissants de s'abstenir de toute voyage non essentiel dans les zones touchées cependant que le département d'Etat américain a demandé à ses nationaux de revoir leurs projets de déplacements. Le Fédération russe de football a préféré déplacer de Moscou à Saint-Pétersbourg un match amical contre la Bulgarie. Les experts de la santé ayant expliqué que la meilleure chose à faire pour les Moscovites était de quitter la ville pendant le week-end, les trains et les avions étaient pris d'assaut, ont rapporté les agences de presse. Le bilan officiel des pertes humaines des incendies a atteint 52 morts, selon le ministère de la Santé.