Au moins 50 cas de sida ont été enregistrés ces derniers mois au niveau de la capitale de l'Ouest où pullulent des hôtels de passe... Les maladies sexuellement transmissibles, dont le sida, prennent des proportions alarmantes en Algérie. Les derniers chiffres sont plus que révélateurs. Une cinquantaine de nouveaux cas de sida confirmés ont été dépistés à Oran. Selon les spécialistes en épidémiologie, la majorité des patients ont contracté le virus durant cet été. Les rapports sexuels non protégés sont à l'origine de la contamination de 90% des cas recensés, faute de moyens de sensibilisation et d'information. La situation est assez grave étant donné que les chiffres sont en constante croissance. En effet, le bilan enregistré depuis le début de l'année dépasse les 300 personnes ayant contracté ce virus qui tue insidieusement. Quelque 200 sidéens sont décédés depuis 1990 à ce jour tandis que le nombre de patients pris en charge va crescendo. Aux derniers bilans, quelque 1200 porteurs du VIH reçoivent les soins nécessaires au niveau des services des maladies infectieuses d'Oran. Hormis les lamentations multiples des responsables locaux et les cris de détresse des familles, aucune action tangible n'a été menée si l'on excepte une toute petite sortie effectuée cet été par un groupe de bénévoles qui a sillonné les côtes oranaises. A-t-on chassé ces foyers de débauche où le virus règne en maître des lieux? A-t-on approché les familles pour les informer que la prostitution et les rapports sexuels non protégés sont deux vecteurs par excellence du VIH? Rien de cela, ont répliqué froidement les spécialistes en épidémiologie et maladies transmissibles. Ces derniers regrettent que la pathologie continue à constituer un tabou au sein des familles. Les sidéens n'arrivent pas à lutter contre le mal qu'ils trainent comme un lourd fardeau accompagné d'un verdict sans appel: la mort certaine. Au vu de la propagation du virus, les risques de contamination majeure surtout en milieu juvénile, est à craindre. Pourquoi tarde-t-on à mettre en oeuvre des mesures radicales comme cela se fait actuellement pour la vulgarisation du nouveau Code de la route prévoyant de grosses amendes à la moindre infraction. «La prostitution qui est à l'origine de la mort de dizaines de personnes, n'est-elle pas un délit sévèrement réprimé et puni par la loi?» se demande un citoyen contrarié de constater, impuissant, le pullulement des prostituées dans les rue d'Oran. «Il est plus que vain de contourner la triste vérité de la prostitution qui s'exerce dans les maisons closes au vu et au su de tout le monde dans plusieurs quartiers du centre-ville», regrette-t-il. Et de lancer: «Il faut passer à la répression comme on le fait avec le dossier de la circulation routière.» Comme on dit dans le jargon médical, le mal a métastasé un peu partout. Mais les affaires liées aux moeurs sont minimes. La police des moeurs semble débordée face aux réseaux de débauche dont les membres ont été traduits devant le tribunal criminel d'Oran pour création de lieux de débauche et prostitution. Aussi, faut-il combattre ces hôtels dits «de passe» qui poussent comme des champignons un peu partout? La question ne trouve toujours pas de réponse vu les gros intérêts qui lient toutes les parties impliquées dans ce phénomène à mille facettes. Tout le monde y trouve son compte, la facture est réglée à l'issue de chaque rapport. En mal de tourisme, plusieurs hôtels sont ouverts H24 pour recevoir les couples de la circonstance. Idem dans les bars, cafés et salons de thé. Les esclaves des temps modernes ne manquent pas. Des femmes, de tous âges, et de toutes les couleurs, venues de toutes les régions du pays, sont exploitées. La finalité étant de drainer le maximum de clients pour une petite consommation allant de 60 à 200 DA, ceci pour les boîtes ordinaires. Des hôtels dits de luxe se sont entièrement mis au diapason avec le phénomène en vogue: la prostitution de luxe. Echappant à tout contrôle, défiant toute autorité, ces hôtels gardent, à eux seuls, le secret d'une activité qui s'affiche ostensiblement dès que le visiteur met les pieds dans le grand hall de l'hôtel. Là encore, des femmes exhibent leurs charmes. Les clients sont constitués de touristes étrangers et nationaux, de hauts cadres, de responsables politiques - il y a même des chefs de parti -, des militaires, des hommes d'affaires et des directeurs de grandes entreprises. Ils ne négocient jamais le prix des soirées roses et arrosées exigées par leurs compagnes d'une nuit. Ils paient cash sans hésiter. En plus de la suite s'élèvent à plusieurs milliers de dinars, ces filles de joie n'exigent pas trop, le tarif de leurs services varie entre 30.000 à 50.000 DA pour les clients habituels avec une petite majoration pour les clients inconnus du milieu. Au moindre signe, d'autres femmes proposent leurs offres lors des grandes rencontres, séminaires, colloques et challenges nationaux et internationaux dès le soir une fois le rideau de la rencontre est baissé. En un mot, voilà le genre de tourisme dont les conséquences néfastes de la débauche aboutissent à une à société en perte de repères sociaux et moraux. La déchéance sociale en est la principale cause.