Quelque 5,2 millions d'électeurs sont appelés à voter, à partir de 06h00 (04h00 GMT) pour choisir leur président parmi quatre candidats, dont le président Kagame. La commission électorale du Rwanda mettait hier la dernière main aux préparatifs de l'élection présidentielle d'aujourd'hui, pour laquelle le chef de l'Etat sortant Paul Kagame est donné grandissime favori, faute de véritable opposition. «Aujourd'hui (hier), le matériel électoral sera acheminé vers les bureaux de vote», a annoncé le porte-parole de la commission électorale, Pacifique Nduwimana, se félicitant de l'absence d'incident pendant les 20 jours de campagne. Quelque 5,2 millions d'électeurs sont appelés à voter, à partir de 06h00 (04h00 GMT) pour choisir leur président parmi quatre candidats, dont le président Kagame en course pour un nouveau septennat après sa victoire écrasante de 2003 (95%). Agé de 52 ans, M.Kagame préside aux destinées de ce petit pays d'Afrique centrale depuis qu'il a mis un terme au génocide des Tutsi en juillet 1994. Pour cette deuxième présidentielle depuis les massacres, le «chairman» du Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-rébellion tutsi qui contrôle tous les échelons de la vie politique, fait face à trois candidats l'ayant soutenu en 2003. Trois partis récemment apparus, dont deux non reconnus par les autorités, sont de facto exclus du scrutin, ont dénoncé une «farce électorale» et qualifié en substance les trois rivaux de M.Kagame de candidats fantoches. Interrogés samedi soir sur Radio Rwanda (publique), deux d'entre eux ont clamé haut et fort leur indépendance et justifié la similitude leurs programmes avec ceux du FPR au nom d'une démocratie apaisée. «Le multipartisme, les élections, ce n'est pas manger les vaches d'autrui ou brûler les maisons des voisins», a ainsi déclaré le vice-président du Sénat, Prosper Higiro, candidat du Parti libéral (PL). Tout au long de la campagne, le candidat Kagame, promettant de «poursuivre la bataille pour le développement et pour la paix», aura mobilisé des centaines de milliers de partisans au cours de meetings organisés dans tout le pays et relayés sur internet. Samedi, au cours d'un dernier meeting de campagne, en périphérie de Kigali, une marée humaine de plusieurs dizaines de milliers de personnes aux couleurs rouge-blanc-bleu du FPR a ainsi accueilli en rock-star le président-candidat, aux cris de «Personne d'autre que toi». Celui-ci, casquette de base-ball vissée sur la tête, visiblement détendu, a défendu la «nouvelle politique du Rwanda», une «politique pour tous les Rwandais», au-delà des clivages ethniques entre les trois principaux groupes du pays, les Hutu, les Tutsi et les Twa. La liesse déclenchée par les derniers pas de danse de Paul Kagame et de son épouse offrait un saisissant contraste avec des affluences parfois faméliques des meetings des trois autres candidats, sur des terrains parfois jonchés de fanions et drapeaux du FPR, vestiges d'une précédente réunion publique du parti au pourvoir. Fort d'un généreux soutien international, Paul Kagame a su mettre en oeuvre une politique volontariste de développement économique, axée sur les services et les nouvelles technologies, ainsi que la modernisation de l'agriculture. Néanmoins, opposants et critiques du régime dénoncent une réussite en trompe l'oeil dissimulant un régime répressif et ultra-autoritaire. Des organisations telles que Human Rights Watch (HRW) déplorent régulièrement «la répression persistante des droits civils et politiques» et les «restrictions de la liberté d'expression, susceptible d'affecter la stabilité du pays à long terme». Quelque 1.394 observateurs seront déployés aujourd'hui dans le pays, dont 214 étrangers pour le compte notamment de l'Union africaine ou du Commonwealth.