Le corps de l'otage a été sciemment dissimulé pour camoufler la défaillance du commando français. Un épais brouillard persiste autour de la mort de l'otage français Michel Germaneau. La raison est simple. Il s'agit de dissimuler une bavure du corps d'élite de l'armée française. C'est un coup dur pour le commandement des opérations spéciales et les agents du renseignement de cette armée. En fait, c'est le commando qui a causé la mort de l'otage suite à des tirs provenant de l'un des deux hélicoptères de type Eurocopter Tigre qui ont participé à l'assaut. L'arme utilisée est le Famas, de fabrication française. Ce fusil détient le record de la cadence de tir, la plus élevée de tous les fusils d'assaut actuellement en service, soit 950/1000 coups minute pour la version F1 et 1100 pour la G2. Selon les informations parvenant à Alger, «le raid militaire mené conjointement par la France et la Mauritanie a provoqué la mort de l'otage». Michel Germaneau «a été exécuté suite à une bavure de l'armée française», selon les mêmes sources. Il fut exécuté maladroitement lors de la seconde opération près du camp de Tissalit entouré des monts de Tigharghar, une zone frontalière algéro-malienne. Germaneau ayant été tué par des tirs depuis un des deux hélicoptères participant au raid, les membres du commando ne pouvaient qu'imaginer un scénario pour camoufler leur fiasco. Les déclarations contradictoires des officiels français trahissent d'ailleurs ce scénario. La sortie du Premier ministre français, François Fillon, laissant entendre que l'otage a été tué avant l'assaut, accentue le doute. «En raison du caractère anormal, étrange de cet ultimatum, nous pouvions penser que Michel Germaneau était déjà mort», a confié le Premier ministre. Or, le corps de l'otage a été sciemment dissimulé pour entourer d'une chape de plomb une défaillance des militaires aux conséquences désastreuses. La crainte des conclusions des éventuelles études balistiques et l'autopsie de médecins légistes a poussé les décideurs à faire disparaître le corps de Michel Germaneau. A l'évidence, ce camouflage ne vise qu'à taire le double flop de l'armée française. Depuis l'annonce de l'exécution de Michel Germaneau, enlevé le 19 avril dans le nord du Niger par un groupe d'Al Qaîda au Maghreb, les questions sur cette obscure affaire s'accumulent. Autre camouflet: dans une vidéo diffusée sur Al Jazeera, l'émir national d'Aqmi, Abdelmalek Droukdel, confirme l'existence de pourparlers avec Paris. Ce que la France a toujours nié. Ce nouveau fiasco a offert à Aqmi une victoire de propagande médiatique qui relance son influence dans la région du Sahel et ailleurs, et sa capacité d'enrôlement de nouvelles recrues. L'insécurité et la déstabilisation dans la région se sont certainement aggravées. Plusieurs chefs terroristes d'Aqmi ont menacé de représailles les intérêts occidentaux. Le raid franco-mauritanien, assimilé à une opération commando, puisée dans la perception d'un cow-boy néocolonial, a endommagé la réputation de Sarkozy dans la région. Pour celui-ci, la décision de choisir cette option à haut risque, à l'extérieur, était sans doute une manière de contrer l'impact des affaires et scandales l'éclaboussant à l'intérieur. Cette opération est comparée à la tentative de Jimmy Carter en 1980 de libérer les otages en Iran, ou pire, au fiasco de l'opération des services français contre le Rainbow Warrior en 1985.