Les eaux de cet oued, autrefois propre à la pêche et la nage, dépassent actuellement en pollution, 400 fois les normes établies par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), selon un chercheur japonais. Cette forme de pollution est le résultat d'une absence de traitement des déchets industriels et domestiques. Les responsables du ministère des Ressources en eau de même que ceux de l'Environnement le savent: actuellement les rejets des entreprises industrielles se font directement dans l'oued sans sélection ni traitement. Comment mettre fin à cette situation? Pour ce faire, un dispositif réglementaire a été mis en place par le ministère des Ressources en eau fixant les modalités d'octrois des autorisations de déversement des eaux usées autres que domestiques dans les réseaux d'assainissement ou dans les stations d'épuration. Le décret, n°09-209 du 11 juin 2009 intervient précisément dans le but d'éviter le déversement des rejets industriels dans les stations et réseaux d'assainissement puisque l'existence de ces rejets dans ces lieux risque de leur causer un dysfonctionnement général. Le déversement se fera sous autorisation, et la nature des rejets sera examinée affirme-t-on du côté du département des Ressources en eau. D'autre part, une étude sous l'égide du ministère de l'Environnement, est en cours de réalisation pour la conception d'un système de pré-traitement des rejets industriels. Elle sera mise à la disposition de ces entreprises qui n'ont qu'à financer ce pré-traitement et le mettre en marche. Ce sera une petite station d'épuration à l'échelle de l'unité industrielle, qui pourra, sans aucun doute, baisser le niveau de pollution dans cette zone et éviter de nombreux problèmes. Plusieurs actions communes ont été entreprises par le secteur des Ressources en eau et celui de l'Environnement pour redonner à l'oued El Harrach son rôle écologique et lui restituer son écosystème. La pollution de oued El Harrach provient de trois sources principales, agricole avec l'utilisation de produits pesticides chimiques, urbaine causée par les rejets d'eaux usées domestiques, et industrielle en raison du déversement des unités industrielles avoisinantes de déchets toxiques. L'oued en question renferme des déchets nocifs comme le plomb, le chlore, le zinc, le chrome, l'arsenic et bien sûr le mercure, élément chimique très dangereux, dont le taux dépasse de 30 fois les normes acceptées mondialement. «Pour faire face à la pollution d'origine urbaine, le secteur des ressources en eau a entrepris plusieurs actions en matière de dépollution et pris des mesures préventives pour parer aux risques d'inondations de l'oued El Harrach», a-t-on expliqué au ministère des Ressources en eau. C'est dans ce sens, que le secteur a lancé en 1976 une étude générale sur l'assainissement du Grand Alger, appelée «Schéma directeur du Grand-Alger». Parmi les réalisations-clés qui ont découlé de ce schéma, explique la même source, il y a lieu de citer «la station d'épuration de Baraki, censée permettre la collecte des eaux usées se déversant dans la mer et dans les oueds, principalement oued El Harrach et l'oued Smar». Cette station, qui a connu un dysfonctionnement durant quelque temps, a été réhabilitée et prend actuellement en charge les eaux usées urbaines de tout le centre d'Alger. Une fois traitées, ces eaux, seront refoulées vers le futur barrage de Douéra, en cours de réalisation, pour leur réutilisation dans l'agriculture. Plus de 200 km de collecteurs d'assainissement ont été réalisés pour éviter les rejets vers l'oued El Harrach. 120 km de réseau d'assainissement, sont en cours de réalisation pour un double objectif: la dépollution de l'oued El Harrach et la lutte contre les inondations dans la ville d'Alger. S'agissant des odeurs pestilentielles constatées autour de oued El Harrach, un projet-pilote intitulé «Yasmine», confié à la Seaal dans le cadre du projet de gestion déléguée de l'eau et de l'assainissement de la ville d'Alger, a été initié. Il consiste en l'application d'un gel solide sur les ponts à forte circulation piétonne et de la brumisation d'un produit liquide sur le pont de l'autoroute menant vers l'est d'Alger, a-t-on encore indiqué.