Redonner à Oued El-Harrach sa place d'antan dans la capitale. Tel est l'objectif du ministère de l'Aménagement du territoire de l'Environnement et du tourisme. Selon le directeur de l'Assainissement et de la Protection de l'environnement au ministère des Ressources en eau, Hacen Aït Amara, la pollution de Oued El Harrach provient de trois sources principales, agricoles avec l'utilisation de produits pesticides chimiques, urbaine causée par les rejets d'eaux usées domestiques, et industrielle en raison du déversement des unités industrielles avoisinantes de déchets toxiques. Les eaux de cet Oued, autrefois propre à la pêche et à la nage, dépasse actuellement 400 fois les normes établies par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), selon un chercheur japonais. Il renferme des déchets nocifs comme le plomb, le chlore, le zinc, le chrome, l'arsenic et bien sûr le mercure, élément chimique très dangereux, dont le taux dépasse de 30 fois les normes acceptées mondialement. Aussi, plusieurs actions communes ont été entreprises par les secteurs des Ressources en eaux et ceux de l'Environnement, pour redonner à Oued El Harrach son rôle écologique et lui restituer son écosystème. Ces actions, à court et moyen terme, permettront, selon les experts, de réduire la pollution, les risques d'inondations et prendre en charge les odeurs nauséabondes qui se dégagent de l'Oued. Oued El Harrach, d'une longueur de 67 km, prend sa source près de Hammam Melouane (Rocher des pigeons), il traverse la plaine de la Mitidja, siège d'une forte activité agricole ainsi que différentes zones industrielles, aussi bien à Alger qu'à Blida."Pour faire face à la pollution d'origine urbaine, le secteur des Ressources en eaux a entrepris plusieurs actions en matière de dépollution et pris des mesures préventives pour parer aux risques d'inondations de Oued El Harrach", a expliqué ce responsable. C'est dans ce sens, que le secteur a lancé en 1976 une étude générale sur l'assainissement du grand Alger, appelée "Schéma directeur du grand Alger". Parmi les actions qui ont découlé de ce schéma, explique la même source, il y a lieu de citer "la réalisation de la station d'épuration de Baraki, censée permettre la collecte des eaux usées se déversant dans la mer et dans les oueds, principalement Oued El Harrach et Oued Smar". Cette station, qui a connu un disfonctionnement pour quelques temps, a été réhabilitée et prend actuellement en charge toutes les eaux usées urbaines de tout le centre d'Alger. Une fois traitées, ces eaux, seront refoulées vers le futur barrage de Douera, en cours de réalisation, pour leur réutilisation dans l'agriculture. Les travaux d'extension de la station d'épuration de Baraki "vont probablement démarrer en janvier 2010, afin de prendre en charge toutes les eaux usées des localités du centre, conformément au Schéma directeur général d'assainissement, puisque la capacité de l'actuelle station est presque dépassée", a déclaré M. Aït Amara. Il a souligné dans le même cadre que "plus de 200 km de collecteurs d'assainissement ont été réalisés pour éviter les rejets à Oued El Harrach". "120 km de réseau d'assainissement, sont en cours de réalisation pour réaliser un double objectif: la dépollution de Oued El Harrach et la lutte contre les inondations dans la ville d'Alger", a-t-il ajouté. Des collecteurs d'assainissement sont en cours de réalisation à travers plusieurs quartiers de la capitale pour parer aux risques d'inondations, à l'instar du collecteur de Oued Mkassel (Frais vallon), de 4 m de diamètre et 57 m de profondeur, et qui prend fin à Bouzaréah, le collecteur inter-communal qui prend naissance à El-Biar traverse les communes d'Alger-centre et Sidi M'hamed pour aboutir au port d'Alger, ainsi que le collecteur de Pointe-Pescade (Raïs Hamidou). Sur les eaux usées industrielles, le responsable a indiqué qu'"actuellement les rejets des entreprises industrielles se font directement dans l'Oued sans sélection ni traitement", chose qui sera, selon lui, "désormais interdite sauf avec autorisation". Pour ce faire, un dispositif réglementaire a été mis en place par le ministère des Ressources en eaux fixant les modalités d'octroi des autorisations de déversement des eaux usées autres que domestiques dans les réseaux d'assainissement ou dans les stations d'épuration. Le décret, N° 09-209 du 11 juin 2009 intervient précisément dans le but d'éviter le déversement des rejets industriels dans les stations et réseaux d'assainissement puisque l'existence de ces rejets dans ces lieux risque de leur causer un disfonctionnement général. "Le déversement se fera sous autorisation, et la nature des rejets sera examinée", a affirmé M. Aït Amara. Dans le même cadre, "le secteur est en contact permanent avec le ministère de l'aménagement du Territoire et de l'Environnement, et nous somme convenus de la nécessité de doter toutes les unités industrielles existantes sur les deux rives de l'Oued, d'unités de pré-traitement de leurs propres déchets". "Une étude, sous la charge du ministère de l'Environnement, est en cours de réalisation pour la conception d'un système de pré-traitement de rejets industriels. Elle sera mise à la disposition de ces entreprises qui n'ont qu'à financer ce pré-traitement et le mettre en marche", a précisé le même responsable. "ça sera une petite station d'épuration à l'échelle de l'unité industrielle, qui pourra, sans aucun doute, baisser le niveau de pollution dans cette zone et nous éviter de nombreux problèmes dans le futur", a-t-il ajouté.