C'est ce que révèle un sondage réalisé par un organisme privé non partisan et publié jeudi par le Washington Post. Les Américains sont de plus en plus nombreux à croire, à tort, que leur président est musulman. La Maison-Blanche a aussitôt réagi: «Le président est évidemment chrétien. Il prie tous les jours. Il prend régulièrement des conseils d'un groupe de pasteurs», a déclaré, le 19 août, Bill Burton, le porte-parole adjoint de la Présidence. L'enquête effectuée par le Pew Research Center, une institution de «droit privé», dont l'objectif est de fournir des informations sur les sujets controversés qui font débat à l'heure actuelle, révèle qu'un Américain sur cinq est convaincu que son président est de confession musulmane. Un chiffre en hausse de sept points par rapport à mars 2009. 34% des Américains croient que le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis est chrétien. Ils étaient 48% à le penser il y a tout juste douze mois. Soit une baisse de pas moins de quatorze points. Il faut cependant, faire remarquer que près de la moitié d'entre eux, 43% d'après les chiffres de l'étude en question, disent ne pas connaître la religion de Barack Obama alors qu'ils étaient 34% en 2009. Etre musulman n'est pas une tare. C'est de notoriété publique. Il faut cependant, assumer son appartenance à la religion musulmane par les temps qui courent, notamment dans certaines contrées de la planète. Au pays de l'Oncle Sam, comme dans de nombreux pays occidentaux, l'amalgame est vite fait entre terrorisme et la plus récente des trois religions monothéistes révélées avec le Saint Coran. Les attentats meurtriers du 11 septembre les y ont associés. Dans la mémoire collective des Américains le lien est désormais établi. Ce n'est pourtant pas le cas du président américain, dont tous les discours ayant trait à la religion musulmane sont empreints d'une grande tolérance ainsi que d'une insoupçonnable clarté. «Au nom du peuple des Etats-Unis, Michelle (son épouse Ndlr) et moi souhaitons adresser nos meilleurs voeux aux musulmans d'Amérique et du monde entier. Ramadhan Karim.» C'est par ces mots qu'ont débuté les voeux adressés par le locataire de la Maison-Blanche à plus d'un milliard de musulmans à travers le monde, à l'occasion du début du Ramadhan. Les occasions n'ont pas manqué à Barack Obama pour manifester sa sympathie aux musulmans du monde entier. Cela ne semble pas faire l'unanimité au sein de la majorité de ses concitoyens. «Je suis honoré de me trouver dans la ville éternelle du Caire, et d'être accueilli par deux remarquables institutions. Depuis plus de mille ans, Al Azhar joue le rôle de phare de l'érudition musulmane, et depuis plus d'un siècle, l'université du Caire est l'une des sources du progrès de l'Egypte. Ensemble, vous représentez l'harmonie entre tradition et progrès. Je vous suis reconnaissant pour votre hospitalité, et pour l'hospitalité du peuple égyptien. Je suis également fier d'apporter avec moi la bonne volonté du peuple américain et un salut de paix de la part des communautés musulmanes de mon pays: assalaamou aleïkoum.» C'est ainsi que s'est adressé Barack Obama aux musulmans lors de son discours prononcé au mois de juin 2009 à partir de la capitale égyptienne. Ce discours «montre des Etats-Unis d'Amérique résolument tournés vers le dialogue, la tolérance, le respect mutuel, le refus de toute perspective de tensions entre cultures, entre civilisations», avait estimé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevallier. Les Américains allaient pourtant démontrer le contraire un peu plus d'une année plus tard. Après avoir défendu le projet de construction d'une mosquée à proximité de Ground Zero, près du lieu des attentats du 11 septembre 2001 à New York, Barack Obama a donné l'impression de se rétracter. «En tant que citoyen, en tant que président, je crois que les musulmans ont le même droit de pratiquer leur religion que quiconque dans ce pays. Cela comprend le droit de construire un lieu de culte et un centre communautaire dans une propriété privée dans le sud de Manhattan», avait-il déclaré dans un premier temps, puis il nuança ses propos suite à une levée de boucliers. «Je n'évoquais pas et je n'évoquerai pas le bien-fondé du fait de construire une mosquée à cet endroit. J'évoquais très précisément ce droit... qui remonte à notre fondation. Notre pays, c'est cela», a-t-il tenu à préciser à des journalistes en Floride. «Ground Zero est un lieu sacré pour les Américains. Pensez-vous que les musulmans permettraient la construction d'un temple juif ou d'une église chrétienne à La Mecque?» pouvait-on lire dans un extrait du communiqué diffusé par le camp républicain. Un coup de semonce qui signe le coup d'envoi de féroces élections de mi-mandat qui auront lieu dans trois mois. Barack Obama fera-t-il les frais de sa sympathie envers le monde musulman? Ses détracteurs semblent, en tous les cas, avoir flairé le bon filon en entretenant de «fausses informations» sur son appartenance religieuse.