La modernité s'avère être, aujourd'hui, le plus grand challenge pour les sociétés qui relèvent d'une tradition musulmane. Le fondamentalisme religieux en Algérie ne durera pas longtemps. C'est ce qu'a affirmé l'islamologue franco-algérien, Malek Chebel, lors d'un débat autour de l'Islam et la modernité organisé, vendredi dernier, par le quotidien Algérie News dans le cadre des rencontres ramadhanesques des Mille et Une News. «Le fondamentalisme n'est qu'une période de notre histoire et nous le vaincrons», répondra-t-il vaguement en tentant d'éluder une question posée par l'assistance et portant sur le regain de religiosité en Algérie entre quête identitaire et volonté politique. «Nous subissons actuellement la déréglementation idéologique des trente dernières années. Il y avait un vide idéologique et l'islamisme était une idéologie de substitution», ajoute-t-il. L'assistance était nombreuse en cette soirée de vendredi. Curieuse et désireuse de savoir comment l'intervenant pourrait concilier ces deux concepts que tout semble opposer, vu les atrocités commises au nom de cette religion, que l'actualité nous jette chaque jour à la figure. Y-aurait-il une quelconque contradiction entre l'Islam et modernité? Aucune, selon Malek Chebel. Cette affirmation, l'islamologue s'est échiné à l'expliquer, tant bien que mal, lors de cette soirée. «Mon Islam à moi, est un Islam des lumières qui ne contredit pas le progrès», a-t-il noté. Au tout début de son intervention, Malek Chebel invoqua le monde musulman d'il y a une douzaine de siècles et affirme: «Si nos ancêtres d'il y a douze siècles étaient porteurs de progrès, alors nous pourrions, aujourd'hui, espérer être porteurs de progrès...». Au fondamentalisme aveugle et violent, ce sociologue, souvent consulté par les médias français, oppose la modernité. D'ailleurs pour lui, l'Islam est en soi une solution et «une réponse positive» à la crise que vivent, actuellement, les Etats-nations dans le monde dit arabo-musulman. Malek Chebel, à l'image de nombreux islamologues a essayé, au cours de la rencontre, de mettre la lumière sur «le grand fossé» qui existe entre Islam et islamisme. «L'islamisme est une excroissance, c'est une régression!», tranche-t-il. Par contre «l'Islam n'est pas porté sur la violence.», indique-t-il. Lors de son propos, l'intervenant fait savoir qu'il ne préconise guère un retour du calife, dirigeant musulman détenant des pouvoirs spirituels et temporels sur ses sujets. Il précise, dans ce même chapitre qu'il n'est pas, non plus, pour le concept de la Oumma mais pour celui de l'Etat-nation. Les questions liées aux hommes doivent être gérées par eux. Quant à la relation de l'individu avec Dieu, elle doit rester du domaine du privé. Malek Chebel émet ses affirmations, non sans quelques ambiguïtés. En effet, puisqu'il reviendra quelques secondes après pour affirmer: «Je n'aime pas le mot laïcité, ce dernier inclus le combat contre la religion.».