La question du Sahara occidental est dans une impasse, l'envoyé spécial de Ban Ki-moon reconnaît son impuissance à imposer un référendum d'autodétermination comme le stipulent les résolutions de l'ONU. L'héritier du trône marocain considère pour sa part que le conflit du Sahara occidental qui dure depuis plus de trente- cinq ans n'est qu'un «différend artificiel». Le souverain alaouite ne compte pas céder d'un pouce à ce sujet. «Nous affirmons à cet égard, que les droits de la citoyenneté ne peuvent être conçus ou exercés que dans le cadre du respect du droit suprême de la patrie à la sauvegarde de son unité, de son intégrité territoriale et de sa souveraineté nationale», a-t-il réaffirmé, le 20 août, dans une allocution adressée à ses sujets à l'occasion de l'anniversaire de la Révolution du roi. Christopher Ross, qui ne semble pas déjà avoir un grand moral, baissera-t-il les bras? Il en a, en tout-cas, tout l'air si l'on se fie aux informations répercutées par El Pais. En effet, d'après le quotidien ibérique proche de la gauche espagnole, l'émissaire du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies est sur le point de jeter l'éponge. Dans une lettre adressée au mois de juin aux principaux pays (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Espagne et France) qui suivent de près la question du Sahara occidental, Christopher Ross leur a fait remarquer que «le statu quo est inacceptable à long terme». Il y dénonce particulièrement l'intransigeance dont font preuve les autorités marocaines qui ne jurent plus que par leur proposition de large autonomie. Il ne pensait pas aussi bien dire puisque Rabat n'a pas tardé à répondre à son appel de détresse, confirmant par conséquent l'analyse de l'envoyé spécial de Ban Ki-moon. «Nous avons lancé des initiatives audacieuses, marquant un tournant décisif dans l'Histoire contemporaine de notre pays. En tête de ces initiatives figure notre proposition conférant une autonomie à nos provinces du Sud, et s'inscrivant dans le cadre du combat permanent que nous menons pour la préservation de la souveraineté du Royaume sur l'intégralité de son territoire national. Mais à mesure que s'accroît le soutien international en faveur de cette initiative courageuse, reconnue par l'ONU comme étant sérieuse et crédible, nos adversaires persistent dans leurs manoeuvres désespérées visant vainement à l'entraver et à torpiller la dynamique prometteuse qu'elle a enclenchée en vue du règlement définitif tant souhaité, aux niveaux international et régional, de ce différend artificiel», a déclaré Mohammed VI dans un discours prononcé vendredi à l'occasion du 57e anniversaire de la Révolution et du peuple. L'héritier du trône marocain, qui a, cette fois ci, «omis» de désigner nommément les ennemis de la nation marocaine, n'a finalement pas raté l'opportunité pour remettre sur le tapis son projet de large autonomie pour les «provinces du Sud». Une autre manière de mettre devant le fait accompli l'Organisation des Nations unies et de sceller définitivement le sort des territoires sahraouis occupés depuis 1975, en les annexant. Ce durcissement de la position marocaine a-t-il entamé la détermination des dirigeants sahraouis à poursuivre les négociations afin de parvenir à l'indépendance? «La lutte pacifique dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc va continuer jusqu'à l'obtention de l'indépendance», ont déclaré des militants sahraouis qui ont été reçus par le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui, M.Mahrez Lamari, à l'occasion de la célébration de la Journée nationale du moudjahid. Il est à souhaiter que Christopher Ross puisse renouer les fils du dialogue pour tenter de désamorcer ce conflit qui ne s'est jamais autant détérioré, depuis l'arrêt des hostilités, entre le Maroc et le Front Polisario, en 1991.