Au mois de mai dernier, Nourredine Yazid Zerhouni, alors ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, avait instruit tous les walis de rendre aux citoyens leurs fusils. Le feuilleton des fusils de chasse confisqués par l'Etat en 1993 est loin de connaître son épilogue. Le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia, a annoncé récemment qu'il ne restituerait pas les armes retirées par mesure préventive en 1993, de peur qu'elles ne tombent entre les mains des groupes terroristes. Seuls les membres des groupes d'autodéfense (GLD) étaient concernés par l'opération de restitution. Cette décision du ministre de la Défense nationale vient en réponse à la question du député d'En Nahda, M'hamed Hadibi, concernant la restitution des armes aux citoyens de la commune d'El Azizia dans la wilaya de Médéa. Les intéressés avaient en effet, remis leurs fusils aux autorités dans le cadre de mesures prises au titre de la lutte antiterroriste. Dès lors, si le gouvernement entame la restitution des armes à leurs propriétaires, ce sera suivant des conditions préétablies par les services de sécurité, selon certaines informations. Entre autres conditions préalables, les propriétaires devront se constituer en groupe de légitime défense. Dans ce contexte, l'on rappellera que l'ex-ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a instruit en mai dernier, tous les walis de rendre aux citoyens leurs fusils de chasse et de clore définitivement ce dossier dans la mesure où des actions ont été entreprises par les propriétaires de ces armes pour les restituer. En fait, ce sont des résultats probants enregistrés par la lutte antiterroriste qui auraient pesé en faveur de cette décision. On notera que l'opération de mise en dépôt des fusils de chasse remonte à octobre 1993 et a concerné 18 wilayas. Plus de 200.000 personnes avaient remis à l'époque leurs armes aux autorités sécuritaires à travers les brigades de gendarmerie et commissariats de police. Cependant, combien d'armes à feu non répertoriées, circulent sur le territoire national? Le port d'arme sous le manteau constitue un marché juteux en Algérie depuis les années 90. Des réseaux de trafic d'armes de poing sont apparus au début de cette période. Des pistolets automatiques dissimulés et acheminés dans des conteneurs, atterrissent chez de richissimes commerçants et hommes d'affaires. Mais qu'en est-il de ces filières de l'acheminement des armes via des pays de l'Europe de l'Est comme l'Ukraine, la Yougoslavie, l'Italie, etc.? Il faut dire que plusieurs filières d'équipements militaires originaires des anciens pays de l'Est ont été découvertes en 1994. Des explosifs de Slovaquie, des armes de Croatie et de la République tchèque, particulièrement du matériel de transmission, transitent par l'Allemagne, la Belgique ou la Suisse et parviennent en Algérie par mer ou terre à travers l'Espagne et le Maroc. En outre, il y a lieu de noter que plus de 300.000 armes répertoriées sont en circulation sur le territoire national. Néanmoins, des enquêtes menées par les services de sécurité ont révélé que des personnes détiennent des fusils de chasse et même des armes de guerre sans autorisations ou permis auxquels s'ajoutent des armes artisanales fabriquées dans des ateliers clandestins. Selon certaines informations, le trafic d'armes s'opère plus particulièrement dans les wilayas du Sud-Ouest, notamment la région de Tlemcen, Tindouf, Tamanrasset, Adrar, Béchar. Enfin, pour de nombreux spécialistes, le trafic d'armes légères en Algérie remonte à très loin. A ce titre, les localités de Magra, Djezzar, Barika et bien d'autres dans les wilayas de M'sila, Biskra et El Oued, se sont transformées en véritables plaques tournantes de ce trafic.