«Arafat est pour la Palestine ce que de Gaulle est pour la France.» C'est en ces termes élogieux que le directeur de L'Expression, M.Ahmed Fattani voulait présenter le président de l'Autorité palestinienne lors de l'émission politique de KTV «Autrement dit». Il tenait surtout à répondre à Marek Halter, écrivain français connu pour ses positions pro-siniosistes dans un débat ouvert. L'émission de KTV, présentée par Christian Malar, avait centré son thème sur le conflit au Proche-Orient. Pour en débattre, Christian Malar a invité deux figures de proue du paysage médiatique, Fattani un journaliste algérien spécialiste de la question et ancien reporter à Beyrouth aux côtés des combattants du Fatah avec Yasser Arafat, et Marek Halter, écrivain juif, polémiste de gauche. Voulant inscrire le débat dans un contexte pacifique, Christian Malar voulait éviter tout débordement et polémique. Sur ce point, les deux invités ont débuté le débat sur la même longueur d'onde: oui pour la paix. «Toute guerre finit par la paix», précise Marek Halter en citant l'exemple de la guerre de 100 ans ou encore le conflit franco-allemand. «Je suis d'accord», affirme Ahmed Fattani, indiquant qu'il ne faut pas insulter l'avenir et donner la chance à la paix. Christian Malar relance le débat en piquant les deux invités sur un point précis. «Arafat n'aurait-il pas raté une occasion de paix lors de sa dernière rencontre avec Barak à Camp David?» Fattani monte alors au créneau et affirme que le plus grand désir d'Arafat c'est la paix et que le véritable obstacle c'est Sharon qui veut, depuis 2 ans, enterrer les accords d'Oslo. «Le trublion c'est Sharon», s'exclame Fattani. Une vision de la situation que ne partage pas Marek Halter qui, avec son sourire malicieux, se montre pacifiste. Il s'interroge à propos de l'appel de départ de Yasser Arafat, d'ailleurs comment deux peuples dépendent de l'animosité de deux hommes. «La violence commence là où se termine la parole», conclut l'écrivain juif. Le directeur de L'Expression rebondit une nouvelle fois pour demander à Marek Halter: «Pensez-vous que la responsabilité incombe Yasser Arafat?» L'écrivain surpris par la question, réfléchit un moment et répond par la positive et ajoute que le départ des deux hommes reste la seule solution à la paix. Le débat s'échauffe et les deux hommes campent sur leurs positions, Christian Malar, en modérateur, s'interpose pour rétablir la parole. Défendant Yasser Arafat, Fattani demande intelligemment: «Pourquoi le problème du président de l'OLP n'a-t-il pas été posé du temps de Rabin, de Peres ou de Barak?» Depuis l'arrivée de Sharon la paix est en danger, souligne Fattani. Le débat a, une nouvelle fois, débordé quand l'écrivain juif pique Fattani en déclarant que la proposition de paix du roi Abdallah était un danger pour la région. «Je suis déçu qu'un écrivain qui se prétend pacifiste dénigre tout un plan adopté par 22 pays arabes», répond Fattani offusqué. Il aura fallu toute la sagesse et la ruse de Christian Malar pour replacer le débat dans son contexte et clôturé l'émission avec une note de paix et d'espoir.